Colombie : Le peuple Cabiyarí

Publié le 14 Février 2019

Peuple autochtone vivant sur les rives du rio Apaporis, son affluent le Canarani et les lagunes environnantes, dans le département de Vaupés en Colombie.

Population : 311 personnes

Langue : cabiyari de la famille des langues arawak, considérée en danger critique par l’unesco.

Autres dénominations de la langue :  kawiyari, kawillarí, kabiyarí, cauyarí

Dénominations du peuple :  cauyari, caryari, cabiuarí, cauyarí, kauyarí, cuyare, kawillary, caviyari, kaviyarí, caviyarí, cabiyarí

Leur base économique provenait de l’horticulture itinérante et dans les chagras ils cultivaient la yuca, l’igname, le chontaduro, la banane, le piment, l’ananas, les noix de cajou tout en pratiquant la pêche, la chasse et la cueillette de fruits sauvages.

Leur modèle social est appelé fraternité, de nos jours cette fraternité est composée de 5 lignées :

Paamari – qui gouvernent la société

Maniari – les guerriers

Pamiari – ceux qui sont chargés de maintenir leur propre culture, traditions et coutumes

Pachakuari – le peuple du grand-père, paysans ou chamanes

Mitepiari – les responsables de l’organisation économique

La fraternité pratique l’exogamie linguistique, le peuple maintient de bonnes relations d’échange (matrimoniaux) avec les peuples Barasana, Taiwano et Tatuyo.

Les principaux établissements du peuple se trouvent localisés dans les départements d’Amazonas et Putumayo.

Les municipalités et corregimientos de Puerto Santander, Puerto Alegría, Arica, Encanto, La Chorrera, Puerto Leguizamo, dans le resguardo indigène de Predio Putumayo (Amazonas).

Ils partagent ce territoire avec les peuples Uitoto, Murui, Muinane, Bora, Ocaima, Andoque, Carijona, Miraña, Yucuna, Inga, Siona, Letuama.

rio Apaporis

Colombie : Le peuple Cabiyarí

Leur histoire est comme celle des autres peuples de la région, étroitement liée à l’exploitation du caoutchouc. Cette activité a commencé à la fin du XIXe siècle et s’est prolongée suivant les fluctuations des demandes en caoutchouc jusqu’à la décennie 60;  l’exploitation de peaux et de coca a intégré ensuite la communauté dans les circuits de l’économie de production et dans d’autres aspects leur culture.

La langue

La langue appartient à la famille linguistique la plus étendue du continent, l’arawak, elle a été documentée au 18e siècle par le jésuite Salvador Gilij.

La langue maternelle est enseignée aux enfants jusqu’à 5 ans, ils l’apprennent en écoutant leurs parents, grands-parents, oncles et tantes, ainsi que les membres de la communauté. Cette compétence est acquise alors que les enfants accompagnent leurs familles dans les différentes activités traditionnelles, au moment du partage de la nourriture, de la chasse, de la pêche, pour les filles lors des activités domestiques avec leur mère. Quand les enfants entrent à l’école et vont dans les internats, la langue n’est plus apprise, l’enseignement se faisant en espagnol, il y a une interruption tous les mois de l’année où les enfants sont à l’école et leur langue maternelle n’est alors parlée que pendant les vacances.

Les enfants quand ils sont au collège ne parlent pas leur langue car il semble qu’ils en aient honte, l’espagnol lui est préféré. Au collège les langues indigènes ne sont pas enseignées, les changements occasionnés par la scolarisation des enfants a provoqué un affaiblissement culturel. De plus les communautés sont confrontées à des difficultés pour pérenniser leur langue car il n’y a pas d’écrit ni de documents consignant les connaissances ancestrales. La communauté doit créer des stratégies pour réinitialiser son utilisation.

Une première mesure pour sauvegarder la langue est de mettre en place une graphie propre pour réaliser des documents écrits qui contiennent des analyses de la langue et des connaissances traditionnelles de la communauté.

Ce matériel serait très précieux pour les nouvelles générations de Cabiyari, leur permettant de s’approprier l’importance de leur langue et documenter à travers elle les savoirs basiques de leur culture.

La seconde mesure est la promotion essentielle au sein de chaque campus des programmes éducatifs contenant des thématiques en rapport avec la langue et la communauté puisque le problème de la perte de la langue est due à la scolarisation des enfants.

L’ethnolinguistique devait être enseignée par des personnes qualifiées et compétences maîtrisant la langue cabiyari et la langue espagnol.

Une troisième mesure consiste à retrouver la pratique de la langue au sein des foyers avec les enfants. C’est là que la langue s’est apprise depuis toujours. Il convient de renforcer la langue maternelle, faire participer les enfants et les jeunes dans les activités ancestrales, les narrations orales, le cercle des connaissances cela leur permettrait de s’approprier leur propre culture.

source

Laisser un commentaire