Cosmovision Wichí : La tortue

Dibujo: Angelo Calamera

La communauté wichí est l’une des plus répandues dans le nord-ouest de l’Argentine (NOA), avec des variantes tant au niveau du dialecte que du groupe. Telle est la diversité qui se reflète dans leurs légendes. Aujourd’hui, nous allons faire connaissance avec l’un d’entre eux.

Il y a longtemps, dans un petit village oublié, vivait seul, sans famille connue, un vieil homme très travailleur, qui avait construit sa maison au prix de sacrifices. Il avait un petit champ où il récoltait toutes sortes de légumes et de fruits pour sa propre alimentation.

Il passait la plupart de son temps seul. Les autres voisins étaient éloignés, mais il y en avait un qui était son ami et qui lui rendait visite de temps en temps. C’était Vizcacha, un boulanger de métier. Il venait des villages voisins pour acheter le pain qu’il pétrissait avec amour, qu’il ne se contentait pas de vendre mais qu’il donnait aussi à ceux qui n’avaient pas d’argent. Cela a généré plus d’une dispute entre les deux, car le vieil homme était méchant et bien qu’il ait parfois beaucoup de fruits et de légumes, il refusait de les donner, même aux enfants qui venaient les lui demander. En fait, à plus d’une occasion, il a battu les enfants méchants qui osaient entrer dans sa ferme.
Lors de la dernière discussion, Vizcacha l’a condamné, un peu en colère :

-Un jour, quelqu’un vous donnera une leçon qui vous fera regretter votre méchanceté pour le reste de votre vie.

Un jour, alors que le soleil brillait et que les cigales célébraient la chaleur par leur concert de l’après-midi, un vagabond passa par hasard devant la maison du vieil homme et lui dit qu’il avait très soif et voulait manger de la pastèque.

-Non, je ne te donne rien, c’est déjà assez dur pour moi de semer, de soigner et de récolter, sans, en plus, t’en donner.

– Très bien, gardez-la », dit le vagabond en s’éloignant avec colère.

Le vieil homme est rentré dans sa maison en grognant. Le vagabond, qui s’était éloigné de quelques pas, s’arrêta brusquement, et, comme il possédait le pouvoir, gonfla la poitrine et dit avec ressentiment :

-Laissez sa maison lui tomber dessus !

Celui qui a parlé ainsi n’était autre que Totjuaj*. Et c’est ainsi que la maison qu’il avait construite par le sacrifice emprisonnait le vieil homme. Le vieil homme voulait désespérément l’enlever, mais ses efforts étaient vains, on ne voyait que sa tête et ses jambes. Quand les blessures du vieil homme ont guéri, il ne pouvait plus se tenir debout. Aujourd’hui encore, il se promène avec sa maison sur le dos. On dit que les rayures que la tortue a depuis sont les briques qui lui sont tombées dessus.

*Totjuaj est l’axe de la mythologie wichí qui, par ses nombreuses allées et venues, ses aventures, ses malheurs, ses paris, ses triomphes, ses défaites, ses génies, ses erreurs, son entêtement, ses loyautés et ses tromperies, façonne le monde par ses actions. Totjuaj a une forme humaine et s’il meurt, il revient à la vie trois jours plus tard.

traduction caro du site http://revistaelcanillita.com.ar/la-tortuga-leyenda-wichi/