Publié le 18 Février 2020

Servindi, 15 février 2020 – Le leader indigène et président de la Fédération indigène du rio Madre de Dios et de ses affluents (Fenamad), Julio Cusurichi, a donné une interview après avoir participé à une journée de réunions qui s’est tenue le 11 février à l’Université Pablo de Olavide (UPO), à Séville, en Espagne.
A la fin de la journée « L’Amazonie et les peuples indigènes de l’Amazonie face au changement global », le leader indigène a parlé des principaux problèmes rencontrés par les peuples indigènes de la région de Madre de Dios, de la volonté d’intégrer la communauté à travers un réseau indigène amazonien et du rôle de l’Etat à cet égard.
Les problèmes latents
« L’un des principaux problèmes est la menace qui pèse sur notre territoire et la nécessité de garantir nos droits territoriaux, face aux intérêts économiques des agents étrangers qui interviennent dans les zones indigènes », a déclaré M. Cusurichi.
Il a ajouté qu’il y a des cas où ces intérêts se recoupent avec les territoires, en donnant comme exemple les concessions minières qui sont gérées par des tiers et qui impliquent la déprédation des forêts.
Pour cette raison, M. Cusurichi a déclaré qu’il est important de promouvoir des « plans de vie » parmi les peuples indigènes, une stratégie qui cherche à leur faire planifier leur avenir avec des alternatives économiques qui garantissent le maintien de l’environnement et de bonnes conditions de vie.
Dans la même ligne, le président de la Fenamad s’est montré préoccupé par la situation des peuples indigènes isolés en raison des prétentions que le gouvernement a sur la création de routes pour l’extraction du bois et d’autres ressources, sans tenir compte des effets sur ces zones.
« Le Pérou a signé l’accord de libre-échange avec les États-Unis, mais en favorisant des routes qui passeraient par des parcs nationaux et des territoires de peuples indigènes isolés, il ne respecterait pas le droit à la consultation préalable et ne se conformerait pas aux normes environnementales que l’État péruvien a signées », a-t-il déclaré.
Avant cela, il a rappelé que le but de la Fenamad est d’assurer un espace territorial afin que la vie et les droits de ses habitants soient garantis, car ils « sont des êtres humains comme nous et, sûrement, avec beaucoup plus de droits, puisque ceci a été leur territoire ancestral« , a-t-il ajouté.
Plans d’intégration
Julio Cusurichi considère qu’il est actuellement important de promouvoir un réseau indigène amazonien pour travailler sur les questions de conservation, de préservation des droits territoriaux et d’établissement de garanties pour l’avenir des peuples de l’Amazonie.
C’est pourquoi la Fenamad participe à des institutions internationales telles que l’Union pour la Conservation de la Nature (UCN), qui permet depuis 2016 aux peuples indigènes d’être représentés, a-t-il déclaré.
De même, il a indiqué que l’organisation qu’il préside considère comme une priorité le renforcement de l’articulation des communautés dans les peuples et nations autochtones.
« Notre Constitution parle de communautés indigènes, mais cela fragmente les peuples et rend difficile la défense du territoire face aux pressions extérieures », a expliqué le leader indigène.
Il a assuré qu’il y a de plus en plus de voix qui demandent que la gouvernance de ces territoires inclue la participation des peuples autochtones, comme le propose le rapporteur des Nations Unies, Victoria Tauli-Corpuz.
Le rôle du gouvernement
Face à ce scénario, Julio Cusurichi a estimé que l’État devait être ouvert au dialogue et que le soutien qu’il apporte devait aller directement aux communautés autochtones, sans se limiter à des dépenses opérationnelles qui ne profitent pas aux communautés.
Il a reconnu qu’aujourd’hui le gouvernement régional a une approche ouverte, mais qu’il restera vigilant dans l’attention qu’il accorde aux peuples indigènes. « S’ils ne se conforment pas à nos peuples, nous convoquerons les bases pour réclamer nos droits territoriaux », a-t-il ajouté.
Enfin, le président de la Fenamad a apprécié l’importance d’avoir été invité à partager comme moyen de faire connaître les revendications des peuples indigènes et d’inviter des alliés à soutenir les initiatives de son organisation.
« N’oublions pas qu’en Amazonie, nous ne sommes pas les seuls à risquer la survie des peuples indigènes ; nous risquons aussi la survie de la vie sur la planète », a-t-il déclaré.

La Fédération indigène de la rivière Madre de Dios et de ses affluents (Fenamad) est une institution créée en 1982 par des hommes et des femmes indigènes pour préserver l’héritage culturel de ces peuples, défendre les droits de leurs habitants et promouvoir des actions visant à atteindre le bien-être social.
Actuellement, la Fenamad est présidée par Julio Cusurichi, qui a reçu en 2007 l’un des prix les plus prestigieux dans le domaine de l’environnement : le prix Goldman. Sa reconnaissance l’a amené à placer les problèmes des peuples indigènes sous les yeux du monde.
traduction carolita d’un article paru sur Servindi.org le 15/02/2020
« Preservar los pueblos indígenas es preservar la vida en el planeta »