Canada / Etats-Unis : La nation Haïda

Publié le 15 Mai 2013

Canada / Etats-Unis : Les haïdas

Peuple autochtone de la côte ouest du Canada et du nord des Etats-Unis, d’une partie du sud-est de l’Alaska qui vit le long du pacifique.

Le territoire d’Haïda gwaii est situé dans l’archipel des îles de la reine Charlotte. Le territoire d’Haïda gwaii est constitué de 138 îles, le nom haïda gwaii veut dire « les îles du peuple »

Les haïdas d’Alaska nommés haïdas kaïganis vivent sur le territoire de la moitié sud de l’île Prince of Wales.

Langue : haïda liée à l’athapascan

Canada / Etats-Unis : Les haïdas
Femme tissant un panier 1897
Par en:User:ish ishwar — Map redrawn and modified from two maps by cartographer Roberta Bloom appearing in Mithun (1999:xviii-xxi). Additional references include Mithun (1999:606-616), Goddard (1996) (contains a very nice color map), Sturtevant (1978-present), Campbell (1997:353-376)., CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=85132096

Ce sont des chasseurs, pêcheurs cueilleurs

Population : 2200 (1995)

Les villages Haïda Gwaï

De nos jours, la plus grande partie de la population haïda du Canada vit dans Haïda gwaii dans l’île Graham.

A l’époque préhistorique, elle était répartie dans tout l’archipel, il y avait des villages au sud à Skungwai et au nord dans le secteur de la baie Cloak, sur la côte nord, on trouvait de grands villages : Masset, Yan et Kayung et sur l’inlet Skidegate ont trouvait le village de Skidegate.

Les villages étaient bien situés dans des endroits abrités et profitaient de superbes plages et d’abondantes réserves d’aliments.

La plus grande partie de l’année, les haïdas la passait dans leurs villages mais pendant la saison de pêche ils gagnaient alors les ruisseaux pour pêcher surtout le saumon qui ne remonte que tous les deux ans.

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Village Masset

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Histoire

Les premiers témoignages démontrant la présence des haïdas consistent en des outils de pierre grossièrement taillées qui ont été trouvées dans des zones intertidales autrefois sèches. Les pirogues permettaient à ces peuples de communiquer avec leurs voisins du nord auxquels ils empruntèrent de nouveaux outils appelés microlames, faits en obsidienne. Les fouilles archéologiques démontrent sur les sites de haïda gwaii indiquant une présence importante il y a 5000 ans.

  • 1774 : premier contact attesté avec des européens lors de la visite de l’explorateur espagnol Juan Perez
  • 1778 : visite de l’explorateur James Cook
  • 1787 : le capitaine anglais George Dixon s’engage avec eux dans la traite de peaux de loutre de mer dont ils conservent le lucratif commerce avec la Chine jusqu’à la moitié du XIXe siècle
  • 1850 : les marchands de fourrure estiment que la population des haïdas se situe entre 6000/8000 personnes
  • 1862 : épidémie de variole la plus meurtrière provenant de voyageurs de retour de Victoria
  • 1900 : début du peuplement d’Haïda gwaii par les colons
  • 1915 : il ne reste plus que 588 haïdas, principalement à cause de la variole et d’autres maladies.

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Lignage maternel, exogamie

Le tissu social des haïdas était fondé sur la parenté et le lignage familial. Il n’y avait pas de clan, l’ethnie était dirigée en deux moitiés, l’enfant appartenait à une moitié dès sa naissance par filiation matrilinéaire. Chaque communauté villageoise était divisée en deux groupes : les corbeaux et les aigles, le groupe des corbeaux comportait 22 lignages, celui des aigles, 23 lignages.

L’exogamie était de règle et les mariages se faisaient principalement entre les membres des deux groupes. Il n’y avait pas de mariage entre les membres d’un même groupe. Les enfants devenaient naturellement membres du groupe de leur mère comme dans les sociétés matrilinéaires. La richesse, la position sociale étaient transmis par cet héritage, l’héritier d’un chef n’était pas son fils mais le fils de sa sœur.

Dans un ménage il y avait en moyenne 30/40 personnes, une dizaine de familles nucléaires apparentées, de même lignage avec un chef à sa tête. Les maisons des chefs très puissants étaient très grandes et pouvaient contenir jusqu’à une centaine de personnes y compris des esclaves.

Le chef du village était le chef de lignage le plus riche ou le plus nombreux de ce village et selon les fortunes et le respect inspiré par le chef, celui-ci pouvait changer le rang de chef était transmis matrilinéairement du fils au fils de la sœur aînée d’un chef.

Les haïdas avaient des esclaves, prisonniers de guerre, enfants de prisonniers enlevés bien souvent dans des tribus voisines de l’île Vancouver ou du continent.

Les aigles et les corbeaux

Les lignages n’étaient pas regroupés en clans, chaque lignage donnait droit aux membres à des ressources économiques : lieux de pêche, zones de chasse et de cueillette, maison, les noms faisaient aussi partie des biens lignagers.

Marquant les différentes étapes de la vie des gens, les biens matériels, pièges à poisson, maisons, pirogues, cuillers et plats de festin portaient des noms. Les peintures faciales, tatouages, emblèmes faisaient aussi partie des biens lignagers.

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Aigle sur un mât totémique

Les emblèmes

Ils disposent d’environ 70 figures emblématiques dont seulement une vingtaine étaient employées. La plupart étaient utilisées dans les lignages mais un grand nombre étaient réservés à des lignages en particulier. L’épaulard est l’emblème populaire. Les lignages du corbeau utilisèrent des formes diverses de l’épaulard et les lignages de l’aigle de Ninstints utilisèrent l’épaulard à cinq nageoires.

Quelques exemples d’emblèmes

La moitié du corbeau : mammifères terrestres (sauf le castor), mammifères marins, chien de mer, raie. dans les oiseaux : pic, épervier, grand duc.

La moitié de l’aigle : animaux amphibies, (dont castor et grenouille), tautogue noir, poissons : chabot, raie, chien de mer, étoile de mer, flétan). Oiseaux : aigle, corbeau, cormoran, héron, épervier, colibri.

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Les totems

Le totémisme est une organisation clanique ou tribale fondée sur le principe du totem. Ce peuple fabriquait des totems impressionnants sur lesquels étaient sculptés les évènements importants relatifs à l’histoire des familles. Les totems richement sculptés représentaient souvent un animal par un trait schématique de quelque partie de son corps. La majorité des sculptures haïdas créées au cours de la dernière moitié du XIX e siècle sont de style classique. Les parties du visage telles les yeux, les oreilles, les narines et les lèvres sont proéminant et occupent la même place que le front, les joues et la mâchoire ce qui donne aux formes d’animal ou d’oiseau une allure juvénile voire naïve.

Il existe différents genres de totems :

  • Les totems commémoratifs ou héraldiques
  • Les totems funéraires
  • Les poteaux-mitans
  • Les poteaux de façade de maison ou de portail
  • Les mâts de bienvenue ou mâts mortuaires

Les couleurs utilisées pour les peintures sont le noir, le rouge, le bleu, parfois le blanc et le jaune. Le totem fait souvent face à une rivière ou à l’océan.

En savoir plus : Les haïdas et les tinglits, classique des sciences sociales de Marcel Mauss ICI

Vie sociale

La société était organisée en classes comme suit :

  • Gens de haut rang
  • Noblesse
  • Gens ordinaires (commoners)
  • Esclaves

La classe la plus nombreuse était celle des nobles, ils étaient les leaders et se sont approprié les sources d’approvisionnement. Les gens du peuple forcément nombreux étaient soumis aux possédants, il n’y avait pas d’entité politique pour relier l’ensemble des communautés. Elles se faisaient parfois la guerre entre elles.

Mode de vie

La pêche

L’océan pacifique offre la majeure partie de l’apport nutritif des communautés haïdas qui pêchaient le saumon, le flétan, le thon, la morue, le hareng, mais aussi les fruits de mer et les algues. Ils pêchaient également un poisson nommé oulachon (Thaleichthys pacificus) qui était très prisé car bon à manger et il servait à produire une huile pour les lampes. Ce poisson est de nos jours en péril comme bien d’autres.

Le poisson était séché et fumé en grande quantité afin de stocker pour l’hiver. Ils étaient entreposés parfois avec de l’huile dans des boîtes en bois de cèdre imperméables. De nombreux déports de coquillages vides laissent supposer que la consommation d’ormiers, de moules, oursins et palourdes était conséquente.

Ils chassaient en mer la loutre de mer et les otaries, sur la terre ferme le castor, le caribou, mais malgré tout la chasse était moins importante que la pêche.

Les animaux marins en dehors de leur chair leur apportaient les tendons et la peau utiles dans la vie courante.

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oulachon

Horticulture

Elle était complémentaire de l’alimentation fournie par me mer qui était du niveau de 90%. Les cultures principales étaient celle de la pomme de terre et du tabac.

La cueillette consistait en un complément alimentaire et comprenait les baies, les salades, les noix, des racines et tout était consommé cuit.

La répartition des tâches

Selon les saisons et le sexe, les tâches se répartissaient ainsi :

  • Automne, printemps, été : activités de subsistance
  • Hiver : cérémonies et rituels
  • Femmes : fabrication des paniers, des vêtements avec de la fibre de cèdre, récolte des fruits et des mollusques
  • Hommes : pêche, chasse, travail du bois, construction des maisons

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Florence Davidson arrachant l’écorce dun cèdre rouge, 1976. Photo :Ulli Steltzer.

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thuja plicata

Artisanat

Travail du bois

Ils étaient d’habiles artisans et le bois était leur domaine. La forêt du pacifique offrant de multiples essences comme la pruche (hamlock) et l’épinette (épicéa) mais leur arbre de choix était le cèdre rouge, ts’uu (thuja plicata) car il est facile à travailler.

Le cèdre rouge compose les planches des maisons, les canots et les boîtes hermétiques dont c’est la spécialité des haïdas. Il sert à la confection de vanneries et de vêtements. La fibre découpée en lanières peut ensuite être cousue, tressée, tissée.

Les haïdas fabriquent également des boucliers de cuivre des bijoux d’argent et de cuivre ( surtout à partir de la fin du XVIIIe s), des bols, des louches, des cuillers en verre, des couvertures en laine de chèvre, des coffres, des sièges de chef…..

Le cèdre rouge

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boîte de bois en cèdre rouge 1875

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Les canots

Pour fabriquer un canot, ils creusaient les troncs de cèdre puis ils les travaillaient à la vapeur. Les canots servaient au transport des personnes, de la nourriture, du bois, pour les déplacements officiels chez d’autres groupes, ou pour les relations commerciales ou guerrières.

Des canots de guerre pouvaient mesurer jusqu’à 15 mètres de longueur. Posséder un canot offrait une position sociale plus importante dans la communauté, en moyenne il y avait un canot pour 45 personnes dans un groupe.

La vannerie

Elle est confectionnée par les femmes. Chaque femme possédant ses paniers de travail qui sont rangés accrochés aux murs des maisons. Les paniers servent à égoutter les palourdes, contenir même des liquides grâce au tressage très serré. D’autres vanneries servaient pour ranger les vêtements, les racines, les légumes, d’autres encore servaient à la cuisson et ils étaient alors faits d’écorce de cèdre rouge. Les tamis étaient utiles pour dégraisser l’eau de cuisson des morues noire. Lorsque les haïdas commencèrent à cultiver les pommes de terre, les paniers à pommes de terre devinrent courants à compter du XIXe siècle.

Etaient également réalisés en vannerie : paniers pour appâts, berceaux, nattes tressées, chapeaux, carquois…..

Ils se sont créé un monde de costumes, d’ornements, d’outils de constructions dont chaque composante avait une dimension spirituelle. Les motifs de décoration indiquaient leur identité sociale ou rappelait leurs droits ou les leçons apprises lors de rencontres mythiques avec les animaux figurant sur les emblèmes et transmis de génération en génération.

Ils avaient la possibilité de trouver des ressources précieuses sur leurs îles, des pigments minéraux, des pierres et des métaux pour les outils qu’ils pouvaient alors échanger contre des produits d’artisanat de qualité, les canots également étaient échangés contre d’autres produits.

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Eliza Abrahams a confectionné de nombreux chapeaux pour sa famille et pour la vente.
Photo : Ulli S
teltzer, 1976.

Le potlach

(mot emprunté au chinook = action de donner)

Il s’agit d’une cérémonie rituelle qui est un élément important de la culture haïda. Au cours de cette cérémonie, un homme important fait des dons à outrance pour renforcer ses droits et privilèges. Ce sont des dons matériels, nourriture, étoffes, dont il fallait parfois des années pour les accumuler et procéder à un potlach. Les occasions d’un potlach : attribution d’un emblème, mariage, décès, construction de maisons, érection d’un mât totémique.

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Photo d’un potlatch Kwakwaka’wakw, Edward Curtis.

Le chamanisme

Leur croyance était liée aux relations entre le monde naturel et le monde surnaturel. Les femmes pouvaient très bien devenir chamane mais bien souvent c’étaient les hommes qui choisissaient de le devenir, souvent il s’agissait d’une transmission héréditaire, de l’oncle maternel au neveu. Les membres de toutes les classes de leur société hormis les esclaves pouvaient devenir chaman. Certains chamans étaient spécialisés dans l’intercession avec les esprits pour favoriser les réussites lors des expéditions guerrières ou de troc. Les femmes étaient plus souvent spécialisées dans les guérisons plus principalement potur tout ce qui concerne l’enfantement.

Les masques

Ils étaient utilisés par des membres des sociétés secrètes qui se servaient de masques et de marionnettes représentant les esprits sauvages des bois, les gagiid lors des danses spéciales. Ces masques ont tous la même caractéristique de représenter des visages émaciés ou grimaçants de couleur le plus souvent bleu/vert laissant penser à une personne qui a failli se noyer, ou bien à séjourné dans l’eau.

caroleone

Ne pas hésiter à aller sur le site du musée canadien des civilisations pour voir les images et en savoir beaucoup + ici

Une lecture au sujet des masques

La voie des masques de Claude Lévi-Strauss

Dans le livre de Sandy Johnson, Le livre des anciens, paroles et mémoires indiennes, éditions Albin Michel Terre indienne, ce témoignage :

Lavina White : descendante de la famille royale haïda

Sources : wikipédia, musée canadien des civilisations, mouvement matricien

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masque à transformation de la collection d’André Breton, voir son commentaire et d’autres objets de sa collection ICI

Articles complémentaires

Corbeau dans la mythologie Haïda

Le soleil, la lune et les étoiles (mythologie Haïda)

VIDEO Les mâts totémiques

Calendrier Haïda

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