Mexique : Le peuple Tarahumara ou Rarámuri

Publié le 19 Avril 2013

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Peuple autochtone issu de groupes nomades qui ont migré vers le sud et se sont dispersés dans la région nord-ouest et les vallées pour pratiquer l’agriculture.

Autodésignation : rarámuri, ralámuli, ralómali selon les régions, noms qui signifient = peuple par opposition à métis ou chabochi (ceux qui portent une barbe). Rara muri veut également dire coureurs à pied (« ceux qui ont les pieds légers ») de rara = pied, muri= course, ce qui pour eux est synonyme d’humain.
Le terme Raramuri ne désigne que les hommes, les femmes sont nommées MUKI et en groupe IGOMELE.

Situation

Les Tarahumaras vivent au nord du Mexique dans l’état de Chihuahua et se sont réfugiés dans les contreforts de la ‘Barranca del cobre »  ( ravins du cuivre) à 1420 mètre d’altitude,  dans la Sierra madre occidentale pour fuir les espagnols au 16 e siècle.
Cette région constitue une zone de biodiversité qui est la plus riche d’Amérique du Nord.
Cette région est également couramment dénommée « Sierra Tarahumara ».




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                                     l’état du Chihuahua


                                                            
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Langue


La langue Tarahumara est parlée dans l’État du Chihuahua. Lors du recensement de 2010, 89 503 locuteurs ont été enregistrés. Il a trois auto-désignations : rarómariraicha, ralámuliraicha et rarámariraicha, mais cinq variantes :

  • 1. tarahumara de l’ouest/ rarómariraicha 
  • 2. tarahumara du nord/ ralámuliraicha (du nord)
  • 3. tarahumara de Cumbres/ ralámuliraicha (de Cumbres)
  • 4. tarahumara du centre/ ralámuliraicha (du centre)
  • 5. tarahumara du sud / rarámariraicha

Le tarahumara appartient à la famille Yuto-Nahua, la langue la plus proche du tarahumara est le guarijío. Sur les cinq variantes linguistiques qui composent le groupe, quatre ne sont pas en danger immédiat de disparition, et une, la Tarahumara de Cumbres, est en danger moyen de disparition.



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Population :

La population totale est entre 50.000 et 70.000 personnes, quelques uns vivant en ville. C’est l’un des peuples indigènes les plus importants d’Amérique du Nord.

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Localisation

La plupart d’entre eux vit dans la Sierra Tarahumara, au nord-ouest du Mexique dans l’état du Chihuahua. Des groupes minoritaires vivent dans les états du Durango, du Sonora et de Sinaloa.

Zone écologique

La région est caractérisée par des montagnes pouvant atteindre 3250 mètres d’altitude, des plaines dans les barrancas (canyons) (rio Urique, 500 m. d’altitude).

La végétation comprend des forêts de conifères, pins de roche, peupliers, chênes, arbousiers, cèdres, mesquites, des arbustes de prairies.

Le climat est varié allant de pics de froids à des températures chaudes dans les basses terres.

La faune comprend les ours noirs, les pumas, les loups mexicains, les coyotes, les chats sauvages, les ratons laveurs, les mouffettes, les cerfs de Virginie, les écureuils. Certaines de ces espèces sont menacées.

Les oiseaux : dindes sauvages, grands géocoucous, corbeaux, aigles, urubus, chouettes.

Les poissons : poissons-chat, truites, carpes.

Histoire

Les chercheurs pensent qu’ils descendent d’un peuple de la culture Mogollon. Ils ont été repoussés et n’ont jamais été conquis par les espagnols ou entièrement convertis par les missions jésuites. Les groupes qui existaient à l’époque de la colonisation espagnole étaient Tarahumaras, Chínipas, Guarijios, Guazapares. Les missionnaires les ont appelés tous ces indigènes Tarahumara.

Au début du XVIIe siècle les espagnols avaient établi des mines sur le territoire tarahumara et effectué des raids d’esclaves pour obtenir des travailleurs pour ces mines.

Le jésuite Juan Fonte établit en 1607 une mission, San Pablo Balleza à l’extrémité du territoire tarahumara s’étendant au travail missionnaire avec les Tepehuas du sud. Une violente répression des Tepehuanos a lieu au moment de l’incursion espagnole ce qui soulève une révolte en 1616 dans laquelle le père Fonte est tué ainsi que 7 autres missionnaires jésuites fermant la mission pendant au moins une décennie.

La découverte des mines de Parral dans le Chihuahua en 1631 augmente la présence espagnole dans le territoire tarahumara, il y a plus de raids d’esclaves et plus de missionnaires jésuites. Des missions sont établies à Las Bocas, Huejotitlan, San Felipe et Satevo. Les éleveurs et les agriculteurs commencent à s’emparer des meilleures terres forçant les Tarahumara à partir de plus en plus loin dans la sierra. Certains travaillent dans les missions des basses terres, les jésuites remplacent les caciques par de nouvelles autorités (gouverneurs, maires, temastianes). Ils imposent aux gens des peines allant du fouet aux travaux forcés à perpétuité. Chaque mission cultive des champs et élève du bétail pour approvisionner les centres miniers et les villes missionnaires.

En 1639 est établie la mission de San Felipe de Jesús.

1648 : les Tarahumara font la guerre aux espagnols et détruisent la mission de San Francisco de Borja. Deux des leaders de cette attaque sont capturés et exécutés. Peu de temps après les espagnols établissent Villa de Aguilar au cœur du haut pays tarahumara.

1651 : nouveau conflit à cause de l’occupation permanente de la vallée de Papigochi par les espagnols.

1653 : ils sont contraints d’accepter la paix car les espagnols ont détruit leurs récoltes.

Les Tarahumara se divisent en 2 groupes, ceux des missions inférieures qui se déplacent au sein de la population catholique générale et ont en grande partie perdu leur identité tribale. Et ceux des hauteurs qui sont entrés en guerre sous la direction de Tepóraca et d’autres chassant les jésuites et les colons espagnols de la région.

Les jésuites reviennent dans les années 1670, baptisent des milliers de Tarahumara mais ceux-ci gardent néanmoins leur identité distincte.

1690 : exécution de Tepóraca par les espagnols.

1696 à 1698 : les Tarahumara font la guerre aux espagnols mais ils sont vaincus.

Un rapport jésuite de 1691 concerne la résistance des Tarahumaras à l’évangélisation, Historia de la tercera rebelión tarahumara.

1753 : les jésuites confient les missions du bas tarahumara à des prêtres séculiers.

1767 : les jésuites sont expulsés des territoires espagnols. Il y a lors 28 missions dans le haut et le bas Tarahumara.

La plupart des missions du pays tarahumara cessent alors d’opérer ou sont remises à des franciscains qui n’égalent pas les « exploits » des jésuites. Les missions déclinent.

1876 : les Raramuri de Nonoava se rebellent à cause de dépossession de leurs terres par les métis protégés par les lois de confiscation promulguées en 1856. Les terres sont rendues mais de nouveaux soulèvements sont enregistrés à Agua Amarilla en 1895, à Chinatú en 1898 à cause des abus des métis.

A la fin du XIXe début XXe siècle l’activité minière s’intensifie et s’effondre avec la chute mondiale du prix de l’argent et la montée de l’exploitation forestière qui entraîne l’arrivée d’étrangers sur le territoire des Rarámuris ainsi que la construction du chemin de fer.

1900 : les jésuites ont rétabli des missions de nouveau dans les montagnes, reprenant le travail d’évangélisation et ils fondent des écoles

Pendant la période de la révolution, de nombreux affrontements armés ont lieu dans les montagnes mais les Tarahuara n’y ont pas participé ou par accident.

1938 : création de l’Ecole Normale pour Enseignants Indigènes à Guachochi avec remise de diplômes créés par le Conseil Suprême Tarahumara.

Avec la réforme agraire les Tarahumara sont dotés de terres communales alors que la forêt est attaquée par les scieries et les sociétés forestières.

L’exploitation de la forêt et le régime foncier marquent de façon significative les processus sociaux se déroulant dans la région et qui aboutissent à des relations asymétriques entre les Rarámuris et les métis.

Organisation

Leur organisation est basée sur un modèle de dispersion territoriale qui est soumis sur la disponibilité des ressources en eau, terres arables pour l’agriculture. Dans ce système, l’unité sociale est minimale, c’est la rancheria comprenant des groupes de familles liées par des relations de parenté ou avec des responsabilités réciproques. C’est dans la famille que se transmettent les connaissances de l’environnement naturel, le langage et la cosmovision.

Un groupe de rancherias forme un village dont le nom provient de l’église catholique proche. La réciprocité établit des liens entre plusieurs rancherias ce qui se manifeste par les célébrations de tesgüinadas (processions qui se déplacent d’une rancheria à l’autre pour boire du tesgüino et pour communiquer).

Le système d’autorités comprend des variantes dont un gouverneur (siríame) qui est responsable d’un groupe de rancherias, le second gouverneur  ou lieutenant, le suppléant et le maire. Ils sont tous les conseillers du gouverneur.

Ensuite viennent les autorités qui sont les capitaines, les gendarmes, les soldats, le major, le procureur (les 2 derniers ont des responsabilités religieuses et organisent les festivités).

Les autorités portent un bâton qui représente chacune des positions.

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Activités productives/Gastronomie

Le maïs est planté en février/mars à l’aide de bœufs souvent prêtés car tout le monde n’en possède pas.

Le maïs fleurit en août et il est récolté en novembre, ensuite il est cuit ou stocké. Cet aliment est très important car il entre dans la composition des repas de base : tortillas, pinole, esquiate, maïs rôti, batari, tesgüino, bière de maïs.

Les haricots sont un aliment riche en protéines essentielles. Ils sont souvent frits après avoir été bouillis.

Les tamales et les haricots sont les aliments courant que les Tarahumara emportent avec eux lors des voyages.

D’autres plantes cultivées sont les fèves, les pommes de terre, le blé.

La viande ne constitue que 5% de leur alimentation. Les principales sources de protéines animales est le poisson, le poulet et les écureuils.

Ils élèvent des chèvres et du bétail pour les fêtes ou pour la vente à des non autochtones ainsi que d’autres produits.

Ils collectent des fruits sauvages, des champignons, des quelites, des noix de tejocotes et des pignons, fruits des plaines (citrons, fugues de barbarie, nopales, goyaves, oranges).

Des Raramuris travaillent comme maçons, domestiques dans des plantations ou des villes de l’état ou dans le Durango.

Le tesgüino et les tesgüinadas

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Le tesgüino est une boisson fermentée à laquelle est associée une fête nommée tesgüinada.

Le tesgüino est fabriqué toute l’année à partir de maïs germé mais ils utilisent parfois des tiges vertes, des fruits de certains cactus ou du blé quand le maïs est rare.

Il faut d’abord malter le maïs et l’étaler dans un panier peu profond recouvert d’aiguilles de pin, pendant 4/5 jours il est maintenu humide jusqu’à ce que qu’il germe. A ce moment-là l’amidon du maïs a été converti en sucres plus petits. Ensuite le maïs est écrasé et bouilli pendant 8 heures. Des herbes variées sont broyées et mélangées avec de l’eau pour faire une pâte qui est ensuite fermentée pendant la nuit sur le feu.

Ensuite la pâte est combinée avec le liquide du maïs et mise à fermenter pendant ¾ jours.

La consommation de cette boisson alcoolisée a lieu peu de temps après sa préparation car le tesgüino peut se gâter dans les 24 heures.

Les rassemblements pour célébrer les courses, les cérémonies religieuses ont souvent lieux accompagnés de tesgüinadas, festival de la bière du style tarahumara. Elles ont lieu toute l’année mais la plupart se déroulent en hiver. Ce sont des évènements sociaux qui réunissent les Tarahumara et les peuples voisins. Ces fêtes incluent les fêtes de la pluie, la cérémonie des récoltes, les fêtes de guérison, les fête de Guadalupe, la semaine sainte, les courses et les rassemblements du dimanche.

Les tesgüinadas sont un moment important dans la culture tarahumara car c’est souvent le seul moment où mes hommes ont des rapports sexuels avec leurs épouses. Le côté religieux du tesgüino est un aspect très important de la tesgüinada. Avant de pouvoir boire une olla de tesgüino, il faut la dédier à Onorúame. Lors des cérémonies de guérison, l’olla doit se reposer devant une croix jusqu’à la fin de la cérémonue.

A 14 ans, un garçon est autorisé à boire du tesgüino pour la première fois après un court sermon sur ses responsabilités viriles.

Les tesgüinadas sont accompagnées de danses et de musique avec les instruments qui servent habituellement.

Religion/cosmovision

Plusieurs de leurs concepts expliquent et interprètent le monde, son origine, l’ordre actuel et la nécessité de le maintenir. Selon leurs mythes, à ses débuts la terre était entourée d’eau, elle était petite. Grâce à la danse des paskoleros elle a pu s’étendre et devenir la Sierra Tarahumara. La terre a été posée par les ancêtres (les Anayáwari). Il est important de travailler et de la respecter ainsi que de se conformer à des règles sociales et aux ancêtres.

Le kórima en est un exemple : aider ceux qui le demandent, faire une fête, ou boire le tesgüino.

Leur religion est un syncrétisme religieux dont les êtres les plus importants sont Dieu (Riosi), l’épouse de Dieu, la vierge Marie chrétienne transformée, le diable, Riablo.

Riosi serait la divinité indigène Onoruame (Grand-Père), la vierge Marie, Lyeruame (Grande-Mère).

Les homologues indigènes du Père-Soleil et de la Mère-Lune se chevauchent respectivement avec ces concepts de dieu et d’épouse de dieu et bien que Riablo s’aligne sur le diable, les Raramuri ne croient pas en un être qui incarne entièrement le mal. La lutte en le Riablo et Riosi évoque la lutte entre le désordre et la paix.

Rites

C’est un peuple de tradition chamanique, qui ignore la notion de péché. Malgré leur convertion au catholicisme il y a 4 siècles, leur culte mêle la lithurgie romaine et les rites millénaires.

Les manifestations sont organisées entre communautés autour de :

– rites visionnaires
– jeux de balle en bois ( RARiPA)
– courses en équipe de 60 Km et plus dans la montagne

La contemplation

Ils y consacrent une grande partie de leur temps qui se base sur un système de pensée lié à une quête spirituelle du bonheur et l’élévation le la conscience personnelle.

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Chamanisme et consommation de « peyotl »

Le « peyotl » est un petit cactus de sans épine de la famille des cactacées. Son nom latin est lophophora williamsii.

« Peyotl » est un mot nahuatl signifiant brillantsoyeuxblanc, par référence probable à l’aspect de la dépression centrale de ce cactus.
 

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Le peyotl est utilisé depuis des siècles dans des cérémonies religieuses, divinatoires ou thérapeutiques par les chamans des tribus d’Indiens du Mexique. Des fouilles archéologiques sur des sites d’Amérique centrale ont mis au jour des restes de peyotl dans des sites datant de plus de 3 000 ans.
L’ensemble des cérémonies religieuses concernant le peyotl n’occupe pas moins de quatre mois de l’année.

Le peyotl ne s’utilise pas comme drogue sensorielle. Il se consomme toujours en groupe, dans le cadre des croyances et des pratiques religieuses. Il permet de supporter la fatigue et de garder un lien avec la terre des ancêtres pour la continuité de la tradition. Il donne pouvoir et divination au chamane, permet de connaitre l’origine des maladies et de donner des soins.
Il existe également un pèlerinage en vue de la récolte du cactus. Les préparatifs et la grande fête du Hicourine différent que par quelques détails. Tout comme les Huicholes, ils vendent aux Coras des peyotls contre un mouton ou une chèvre.

Les Tarahumaras croient que les plantes ont une âme comme les hommes. Ainsi quand le Père Soleil se sépara de la Terre pour gagner le Ciel, il laissa derrière lui le peyotl pour permettre à l’homme de se soigner.


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Santé

Selon leur point de vue, la santé reflète la qualité des relations de l’individu avec d’autres êtres de l’univers. Le fait qu’il soit protégé ou blessé dépend de l’interaction de l’homme avec les êtres surnaturels. Pour eux, l’être humain est composé d’un corps et d’une ou plusieurs âmes. Le corps est composé de sapá (parties charnues, muscles), ochí (os) et lá (sang) qui sont animés par une ou plusieurs âmes. Les maladies les plus graves peuvent entraîner la perte définitive des âmes et sont le plus souvent causées par un sorcier ou l’ingestion de plantes jícuri ou bakánowi.

Festivités

Il y a 2 sortes de fêtes, celles célébrées dans les temples catholiques, liées au calendrier rituel chrétien et celles célébrées dans les maisons dont les fêtes de patio ou awilachi.

Pour les premières, la semaine sainte oumoriruachi se distingue.

L’owirúame est celui qui dirige les fêtes de patio qui ont lieu tout au long de l’année, pour soigner les animaux ou les personnes, ou liées au calendrier agricole (soin de la terre, demande de pluie, remercier pour les fruits obtenus). Parfois une vache ou une chèvre est sacrifiée et son sang offert aux divinités.

La Nutema a pour but de fournir de la nourriture pour le long voyage effectué par les proches récemment décédés au moment de l’enterrement.

Les festivités du travail ont lieu quand un groupe familial invite d’autres groupes ou personnes de la rancheria pour nettoyer la terre, faire des briques d’adobe ou construire une maison.

La festivité comme la course de balle est une compétition qui a lieu sur de longues distances parcourues en tapant dans une balle en bois.

Ils partagent avec d’autres tribus uto-aztèques la vénération du peyotl.

Vêtements

Les vêtements traditionnels sont variés selon les régions des hauts plateaux, les types de tissus, les formes.

Femmes :  jupes à larges plis (sipúchaka), chemisiers amples (mapáchaka) de couleur vive avec des fleurs, des couleurs contrastées ou les 2. Les femmes âgées portent des jupes en coton blanc ainsi que 3 ou 4 jupes. Les jours de fête elles en ajoutent 3 autres.

Les hommes portent une culotte blanche et une chemise de toile large de toute couleur, une ceinture nouée à la taille. Les jours de fête ils portent une couronne de tissus blanc (koyera) pour tenir leurs cheveux, des guaraches (sandales) à semelle et lanières de cuir.

Artisanat

Ils fabriquent des instruments de musique, violons, tambours, chapareke, petacas ou paniers ronds en feuilles de palmier, des pots en argile, des masques en bois, des bateas, des écharpes de laine.

Musique

Les instruments de musique utilisés pendant les fêtes sont le tambour, la sonaja, le chapareke, les instruments à cordes préhispaniques, le violon et la guitare. Selon eux, la musique nourrit leur arewá (âme). Les tambours sont utilisés exclusivement lors de la semaine sainte.

Danses :

Elles sont pratiquées uniquement par les hommes qui à l’occasion sont vêtus de grandes capes d’étoffe, ceints de petites couronnes de miroirs où se reflètent toute la puissance et l’omniprésence de dieu assimilée au soleil.


 

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La déforestation et le narcotrafic



Leur  stratégie d ‘isolement et le semi-nomadisme qu’ils pratiquent leur a permis de résister aux assauts de l’histoire, aux conquistadores, aux travaux forcés dans les mines d’or, d’argent et d’opale, aux missionnaires et au régime post-révolutionnaire du PRI.
Depuis environ une trentaine d’année, leurs « ennemis » ont changé de figure et sont devenus une terrible menace pour les communautés : le narcotrafic qui est inévitable dans cette région et la présence d’industries du bois .
Les communautés sont propriétaires de leurs terres depuis 1960, mais la domination des « scieurs » les a fait passer du statut de propriétaires à celui d’employés sous payés.
La construction des routes dirigée par la banque mondiale contribue également au désastre écologique.
Les indiens sont malgré tout appuyés dans leur résistance par certains acteurs locaux ( ONG, avocats, écologistes).
Entre 1986 et 1994, 36 raramuris ont été assassinés dans la communauté de « Coloradas » laissant derrière eux 146 enfants et veuves.

« La violence du narcotrafic est un serpent à mille têtes. Quand on lui en coupe une, cent repoussent » explique un indien Tarahumara.

Le pillage du bois se poursuit, expulsions, défrichage, en toute impunité, sans battage médiatique.
La communauté de Coloradas protège l’un des plus vieux pins éndémiques du monde ( il en restait à peine 1000 en 2003). Le raramuri a vis à vis de l’arbre une relation totalement différente des mestizo ( métis). Comme on ne peut commercialiser sa famille, on ne peut vendre ce qui appartient à Terre Mère et au dieu père.

Le bois est aliment, pour le feu, pour l’esprit du dessus, pour la musique, pour le violon, les rites, les fêtes, les danses traditionnelles.

 » Ils viennent, tuent les arbres et après, on doit choisir : soit nous quittons nos terres, soit nous restons pour cultiver leur drogue » explique un indien Tarahumara.

Le cartel de sinaloa commandé par le narcotrafiquant le plus recherché au Mexique pratique les violations aux droits de l’homme, des massacres d’une violence indicible qui mettent ce peuple dans une position de totale vulnérabilité.

Nous autres Européens avons les moyens de diffuser les informations, de soutenir même à distance les luttes de toutes les communautés indigènes d’Amérique latine. Il nous suffit de nous regrouper au sein d’associations et d »oeuvrer à cette grande cause humanitaire qu’est le maintien des communautés indigènes sur leurs terres d’origine.
A l’heure où l’écologie est en vogue, ma conviction est que seules ces communautés ont le pouvoir et le savoir nécessaires à la préservation de notre capital d’oxygène au monde ainsi que le pouvoir de faire prendre conscience aux peuples civilisés que nos origines sont nos racines, que sans respect pour l’homme et pour la nature, il n’y a pas de liberté possible.
Ce sont à mes yeux les seuls écolos qui soient, leurs traditions ancestrales bien ancrées et leurs rites animistes même pour une athée comme moi, constituent le maintien des traditions dans le respect de la terre……sans terre, pas d’homme, c’est pourtant simple.
Je ne dirais pas comme un camarade qui a écrit sur ces peuples, que ces derniers n’ont pas droit à la médiatisation de la lutte des Zapatistes, toutes les communautés ont droit au même combat de notre part.

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Cela ne tient qu’ à nous de les faire connaître…….C’EST LE BUT DE MES ARTICLES.
 
 J’espère qu’ils rencontreront un effet favorable , provoqueront un électrochoc nécessaire chez mes lecteurs et leur ouvriront les portes de la sagesse et du combat révolutionnaire pour la préservation des peuples premiers.

caroleone



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sources : INPI, wikipedia français, anglais

Une partie des photos est tirée du site :

http://www.revemexicain.com/barrancas_del_cobre_mexique.php

Mises à jour le 24 avril 2011, le 17/02/2021, refonte de l’article le 10/06/2023

Lectures conseillées

Dans la sierra Madre. Une année chez les Tarahumaras, Albin Michel, 2011 de Jeff Biggers



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Articles complémentaires

VIDEO Tarahumara

Mexique : Courir pour vivre : le dilemme Rarámuri – coco Magnanville

Mexique : Le yúmari, une clé d’accès à la cosmologie Rarámuri – coco Magnanville

Contes animés en langue indigène (et traduits) – Les Rarámuri – L’origine des Rarámuri et des Chabochi

Nararachi (trailer)

El camino de Felipe

Sans terres nous ne sommes rien

Les langues uto-aztèques

Rarámuris : résistance ancestrale et féministe dans le nord-ouest du Mexique

Repechique : les Raramuri défendent la forêt et leur territoire ancestral

Tzam trece semillas : Et la démocratie est venue dans mon village…

Tzam trece semillas : Territoire

La voix de la Sierra Tarahumara : musique de pascolas et de matachines

Les douleurs de la Tarahumara. Entretien avec le jésuite Javier Ávila

PHOTOGRAPHIES

Par Dianamoloya — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=76800242