Le peuple Tikuna au Pérou

Publié le 1 Octobre 2018

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Peuple autochtone qui vit aux frontières du Brésil, du Pérou et de la Colombie (trapèze amazonien)

Population : Brésil 36.377 personnes (2009) , Colombie 8000 (2011) Pérou 6982 (2007)

Autres noms ou formes du nom : ticuna, tukuna, maguta, caboclos (ancienne appellation)

Langue : ticuna, première langue parlée

Autodésignation :nagüta ethnonyme : le peuple prêché par Yöi (héros culturel) dans le fleuve Evaré.

Tikuna = nez noir

Cette traduction du site bdpi.cultura.gob.pe.com pour les Tikuna du Pérou. Deux autres articles séparés seront consacrés aux Tikuna du Brésil et de Colombie.

Le mot tikuna peut être traduit par taco « homme » et « noir’. Ce terme fait référence à la coutume de ce peuple de peindre le corps en noir avec une teinture naturelle de l’arbre génipa, le huito. Bien que les Tikuna soient reconnus sous ce nom, ils sont également identifiés avec le terme du-u, qui dans leur langue originale signifie  » peuple « .

Langue

La langue du peuple Tikuna porte le même nom et appartient à la famille linguistique Tikuna. La langue Tikuna est parlée dans les bassins des fleuves Amazone, Mayoruna et Yaguas, dans le département de Loreto. Elle est également parlée au Brésil et en Colombie. Traditionnellement, la langue tikuna a également été connue sous les noms de Ticuna et Duüxügu, bien qu’aujourd’hui les locuteurs eux-mêmes préfèrent l’appeler Tikuna. Bien qu’il n’y ait toujours pas d’alphabet officiel normalisé, il y a actuellement 33 écoles d’éducation interculturelle bilingue enregistrées en 2013. source

Pérou : L’alphabet de la langue Ticuna est officialisé – coco Magnanville

Par Albert Frisch — VASQUEZ, Pedro Karp. O Brasil na fotografia oitocentista. São Paulo: Metalivros, 2003., Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5588971

Histoire 
 

La première référence au peuple Tikuna trouve son origine dans le contact que sa population entretient avec les missionnaires et les marchands depuis l’époque coloniale. Alors que certains chroniqueurs consacraient une partie de leurs récits à la présentation des caractéristiques des Tikuna, telles que leur organisation sociale et leur religion, les missionnaires Cristóbal de Acuña et Laureano de la Cruz, ont réalisé l’existence de ce peuple entre 1630 et 1640 en explorant une partie du territoire des Tikuna (Goulard 2009, 1994). À cette époque, les Tikuna étaient un peuple semi-nomade, éminemment chasseur (INEI 2007).

Avec l’arrivée des missionnaires, les Tikuna ont quitté leurs établissements dans les zones interfluviales et se sont installés en bordure de l’Amazone et de ses affluents, ainsi que dans les lacs des basses terres (AIDESEP et al. 2000). La fréquence des conflits avec d’autres peuples indigènes, les agressions extérieures et les épidémies qui les ont touchés à cette époque ont décimé la population Tikuna (Goulard 1994).

Les incursions esclavagistes portugais en provenance du Brésil, qui ont eu lieu au milieu du XVIIIe siècle, ont conduit à l’instauration du travail obligatoire. Dans ce contexte, les autorités de Loreto ont établi que la population indigène serait à leur service à temps plein, pour une période qui pourrait varier entre deux et douze mois. Les raids des commerçants influencèrent la perception qu’avaient les Tikuna des missionnaires, qu’ils commencèrent à considérer comme des protecteurs. Ainsi, certains Tikunas se sont joints aux missions formées par d’autres peuples (Mora et Zarzar 1997).

Tandis que les Tikuna fournissaient aux patrons du caoutchouc, de la farine et d’autres produits, ils recevaient des outils, du maïs et de l’alcool de personnes de l’extérieur. En raison de la baisse de la valeur commerciale du caoutchouc, les Tikuna se sont impliqués davantage dans des activités telles que la pêche commerciale, l’extraction du bois et l’élevage du bétail. Darcy Ribeiro et Mary Wise mentionnent que dans les années 1970, plusieurs communautés Tikuna étaient encore exploitées par les commerçants (Ribeiro et Wise 1978).

Jean-Pierre Goulard (1994) souligne que la période du boom du caoutchouc influence le processus de fluvialisation et de sédentarisation des Tikuna, puisque plusieurs d’entre eux s’installent dans l’habitat riverain par crainte de l’incursion des saigneurs du caoutchouc. A la fin du XIXe siècle, un territoire tikuna s’est formé, s’étendant de l’embouchure de l’Atacuari à la ville actuelle de Fonte Boa, qui s’étend entre les pays voisins (Pérou et Brésil), et se poursuit jusqu’à nos jours (Goulard 2009).

image  Foto: Acervo Museu do Índio, 1930

Institutions sociales, économiques et politiques : 
 

Traditionnellement, les familles Tikuna habitaient des maisons multifamiliales appelées  » maloca  » et maintenaient une organisation sociale basée sur les clans, classés selon les noms des oiseaux, des animaux terrestres et des légumes. Ces clans, dont la filiation se transmet par le père, sont regroupés en deux moitiés : celle des «  êtres à plumes  » et celle des  » êtres sans plumes «  (Mora et Zarzar 1997).

Jean-Pierre Goulard (2009) mentionne que jusqu’à la fin du XIXe siècle, les principales activités des Tikuna étaient la chasse et l’horticulture. Cependant, ce peuple aurait progressivement remplacé la chasse par la pêche, en raison de son déplacement vers les rives de l’Amazonie au début du XXe siècle.

Pour sa part, l’Institut d’été de linguistique (ILV 2006) a souligné que parmi les activités économiques décrites ci-dessus, les Tikuna pratiquent aujourd’hui dans une plus large mesure une agriculture sur brûlis pour la consommation et la vente. Ils ont parmi leurs principales cultures des variétés de bananes, yucca, maïs, patate douce, ananas, huito, achiote et tabac.

Comme dans beaucoup d’autres peuples amazoniens, il existe une division traditionnelle des rôles entre les sexes, selon laquelle les hommes sont responsables de la chasse et de la préparation de la ferme, tandis que les femmes entretiennent la ferme (chacra) en participant à la plantation et à la récolte (ILV 2006).

Pérou – Le Ministère de la Culture présente une publication inédite sur le « Rituel de la puberté du peuple Ticuna » du Loreto – coco Magnanville

Croyances et pratiques ancestrales 

huito Par From: Johann Wilhelm Weinmann: Phytanthoza iconographia…. Barth. Seuter, J. E. Ridinger & Joh. Jak. Haid, Augsburg 1735–1745. Coloured print, subtly re-colorized, 31.5 x 20.7, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=563835

Jean-Pierre Goulard (2009) consacre une partie de son travail sur les Tikuna aux rituels qu’ils célèbrent périodiquement et qui marquent les étapes du cycle de vie, avec un accent particulier sur la grossesse, l’enfance et la puberté. Les femmes tikuna protègent leurs enfants pendant la grossesse en couvrant tout ou partie de leur corps de huito (genipa americana). Ainsi, elles évitent les dommages causés par des  » entités malfaisantes  » appelées ngo-ogu.

De même, on croit que la femme enceinte, au moment de l’accouchement, devrait prendre son enfant avec les mains noircies de huito pour qu’il ne tombe pas malade. Une fois le cordon ombilical coupé, le nouveau-né reçoit un nom, est nettoyé et peint avec le même colorant naturel, ce qui le protège des agressions du ngo-ogu attiré par l’odeur de son sang.

En termes de développement de l’enfant, les Tikuna disent que tout au long de l’enfance, la mère «  marque  » son enfant par une série de soins, qui se traduisent par la façon dont l’enfant est déplacé et nourri. Tout au long de ce processus, que les tikuna appellent dekuchi, la mère porte toujours son enfant avec elle et le tient à ses côtés, en particulier à hauteur des hanches. Elle attache également un bracelet au poignet de l’enfant pour le protéger (Goulard 2009).

De tous les rituels qu’ils pratiquent, les Tikuna sont connus pour les rites dits de puberté des femmes, célébrations que les Tikuna partagent encore à ce jour (Goulard 2009, SIL 2006). L’Institut d’été de linguistique (ILV 2006) raconte comment, au cours de ce rituel, la jeune femme a été séparée après ses premières règles, alors que sa famille a travaillé pendant des mois pour rassembler la nourriture et préparer le masato pour la célébration. La cérémonie comprenait de la musique, des décorations et des peintures corporelles avec le huito pour la jeune femme, ainsi que des danses, des boissons et de la nourriture pour les participants (SIL 2006).

Pour sa part, Goulard (2009) a souligné que ce rituel est valable chez les Tikuna, avec certaines formes de mise à jour. Ce rituel aurait été adapté de telle sorte que, par exemple, les cheveux des jeunes femmes ne soient plus arrachés, mais plutôt coupés avec des lames de rasoir. Actuellement, non seulement les Tikuna participent à cette célébration, mais il y a, par exemple, des métis qui vivent sur les rives de l’Amazonie.

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Autres données : 
 

En plus des deux processus au niveau national, le peuple Tikuna a participé au processus de consultation préalable sur le projet de la voie navigable amazonienne.

traduction carolita du lien ci-dessous : 

Tikuna | Base de Datos de Pueblos Indígenas u Originarios

Articles complémentaires

Le peuple Tikuna au Brésil

Le peuple Tikuna en Colombie

Mythe de création