Argentine : Le peuple Vilela

Publié le 19 Mars 2021

Peuple autochtone d’Argentine dont les descendants vivent dans les provinces du Chaco et de Santiago del Estero, dont de petits groupes ont émigés à Rosario et dans le Grand Buenos Aires. Dans la province du Chaco les Vilelas se sont organisés et des groupes familiaux coexistent avec des communautés du peuple Qom(Pampa del Indio) ou Qom Mocovi (Colonie Aborigène du Chaco). Dans les zones rurales , à la périphérie des villes comme Resistencia, Presidente Roque Sáenz Peña, Machagai et Quitilipi également. Dans la province de Santiago del Estero, ils vivent dans leur propre communauté ou en communauté avec le peuple Lule et ils parlent le quechua depuis l’époque de la colonisation espagnole.

Une première mention des Vilela est faite au XVIIe siècle, cette mention se référait aux habitants du cours moyen du rio Bermejo dans le chaco central.

Ils vivaient de la chasse aux pécaris (cochons sauvages), cueillaient des fruits sauvages et du miel et creusaient la terre pour en extraire des racines. Ils utilisaient l’arc et les flèches, le macana (une sorte de massue faite d’un morceau de bois dur) et des fléchettes empoisonnées. Ils ont élaboré une boisson alcoolisée à base de miel et du fruit du caroubier. Ces personnes étaient presque les seules à construire des réservoirs ou des citernes pour recueillir et stocker l’eau, cet élément précieux apporté par les pluies qui tombaient sur leurs terres desséchées. Ils attaquent vigoureusement les premières colonies espagnoles formées sur leur territoire, mais finissent par se retirer dans des régions plus éloignées, non encore occupées par les conquérants. (source)

Autodésignation : uakambaleité ou wagna-umbae-te = ceux qui parlent waqha, la langue des Vilelas subdivisée en 3 dialectes : chinipi, sinipi (ou shinpi) et ocol (c’est le seul dialecte survivant actuellement avec quelques locuteurs).

Avec leurs voisins et apparentés Lules, ils faisaient partie du complexe culturel Lule-Vilela, ayant des caractéristiques non définitivement pampéennes, huarpes ni andines mais intermédiaires car ils ont incorporé certaines coutumes sédentaires en raison d’échanges culturels avec les peuples andins.

Leur apparence, leur façon d’être

Ils étaient grands et minces, les hommes allaient nus, vêtus d’un pagne comme une jupe en plume de nandou, les femmes portaient une sorte de tablier tissé en grosses fibres de chaguar. Ils portaient leurs cheveux longs, ils n’étaient coupés que lors des deuils ou des maladies. Leurs oreilles étaient percées, ils y faisaient pendre des fils de différentes couleurs. Lors des célébrations, les hommes se peignaient le corps avec des taches de félin, les femmes coloraient leur visage avec des pigments rouges et noirs.

Ils étaient nomades, chasseurs, pêcheurs et cueilleurs (fruits, racines sauvages). Ils chassaient le pécari (viande, cuir), ils récoltaient les caroubes (nourriture, boisson fermentée ou chicha), ils récoltaient le miel sauvage, le miel-de-palo  (nourriture, guarapo boisson enivrante).

Leurs armes étaient l’arc et les flèches, les lances et les bâtons.

Leur caractère était joyeux, ils aimaient chanter et danser fréquemment et lors des célébrations et des cérémonies ils buvaient beaucoup de boisson.

Langue

L’histoire de la langue, de la culture et de l’histoire du peuple Vilela sont mal documentés. La bibliographie spécialisée mentionne souvent leur nom pour faire référence à leur extinction ou leur quasi-extinction. Ils ont en effet connu un déclin démographique et une dispersion ainsi qu’un degré d’assimilation culturelle au peuple Toba (Qom). Une linguiste (Elena Lozana) a pu travailler néanmoins avec des informateurs parlant la langue vilela à Quitilipi dans la province du Chaco.

Les langues lule-vilela sont parlées dans le nord-ouest de l’Argentine (Gran Chaco, Tucumán, Salta et Santiago del Estero). Il resterait 20 locuteurs.

Encomienda d’indigènes à Tucumán. Représentation De Florián Paucke (1719-1789) – http://www.geocities.ws/reduccionesjesuiticas/Misioneshistoria.htm, Dominio público, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=32447530

Histoire

  • Vers le XVe siècle ils sont établis dans la région occidentale du Chaco entre les rios Bermejo et Salado, au nord-est de Tucumán, au nord de Santiago del Estero, au sud-est de la province de Salta et au nord-ouest de la province du Chaco.
  • Au XVIe siècle, après la conquête espagnole de Tucumán, une partie des Vilelas et des Lules ne sont plus distingués séparément dans les villes de Salta, Esteco et San Miguel de Tucumán.
  • Au milieu du XVIIe siècle les Vilelas apparaissent seulement dans les chroniques espagnoles après l’expédition dans le Chaco du gouverneur Angel de Peredo.
  • XVIIIe siècle : Les Vilelas semblent installés sur les deux rives du cours supérieur du rio Bermejo. Les Lules seraient partis vers l’ouest et le sud.
  • 1716 : la roi Felipe V confie aux jésuites l’évangélisation du chaco gualamba.
  • 1734 : un acte capitulaire de Santiago del Estero du 21 juillet 1734 mentionne l’apparition des Vilelas sur le rio Salado.
  • 1735 : le prêtre Joseph Theodoro Bravo fonde la réduction de San José sur les rives du rio Salado près de Marará, à la demande des Vilelas à l’origine. Il y a 300 Vilelas, plus tard il y aura les Passaines et des Yeconoampas qui y seront incorporés  (1500 habitants).
  • 1750 : après la mort de Bravo, la mission est presque abandonnée, réduite à 250 habitants en raison de la variole, de la charge de travail dans la ville de Santiago del Estero et de la fuite.
  • 1756 : les Toba mettent le feu à la mission et tuent le père Francisco Ugalde. L’évêque Pedro Miguel de Argardoña demande que les jésuites poursuivent la mission, elle sera donc reconstruite sous le nom de San José de Vilelas.
  • 1762 : afin d’éviter les inondations,  la mission est déplacée sur la rive gauche du rio Salado avec le nom de San José de las Petacas (416 Vilelas).
  • 1780 : après l’expulsion des jésuites, 656 habitants se dispersent.

Après l’expulsion des Jésuites de la mission le 20 juillet 1767, ses 656 habitants se sont dispersés en 1780.

Les pères de la Compagnie de Jésus José Jolís et Roque Gorostiza ont entrepris seuls une expédition dans le Chaco en revenant avec de nombreux chunupíes, passaines, ocoles, vacoas, vilelas et atalalas avec lesquels ils ont fondé des réductions. :

  • Nuestra Señora del Pilar
  • Nuestra Señora del Buen Consejo
  • Nuestra Señora de la Paz

Au moment de l’expulsion des jésuites en 1767/1768 il y avait dans les 3 réductions 1000 habitants et selon le père de l’époque, 1000 autres étaient dans les forêts de Bermejo.

  • Fin du XVIIIe siècle, milieu XIXe siècle : les Vilelas sont trouvés des deux côtés du cours moyen du rio Bermejo par des explorateurs fluviaux.

Des bandes restées dans la région du Bermejo se dirigent vers le nord-ouest et s’intègrent dans les communautés Wichís de la province de Salta.

Lors de la conquête du Chaco argentin en 1890, les Vilelas ne sont pas mentionnés dans les rapports militaires.

  • 1910 : Antonio de Llamas écrit qu’en 1890 il a visité une colonie de Vilelas et Sinipis dans le gouvernorat du Chaco. Ils parlaient leur langue et se désignaient comme uakambabeité.
  • A partir de 1950, ils cessent d’avoir un cacique et deviennent invisibles dans la population créole et indigène.

De nos jours

Dans la province du Chaco les Vilelas ne parlent plus leur langue qui a été remplacée par l’espagnol, ils parlent aussi parfois la langue qom (toba).

A Santiago del Estero ils parlent le quichua de Santiago.

Le recensement national de la population de 2010 en Argentine révèle l’existence de 519 personnes qui se reconnaissent comme Vilela dans tout le pays, dont 359 dans la province de Santiago del Estero.

Un ouvrage en 5 volumes Historia sagrada del pueblo Qom en el país chaqueño de l’écrivain argentin Flavio Dalostto apporte des données importantes sur l’histoire du peuple Vilela.

Leoncito, cacique Vilela

Les rituels

Comme les autres peuples, les Vilelas avaient des chamans qui guérissaient les gens. Pour éloigner les mauvais esprits de la personne malade, le sage la saignait à l’endroit même où elle ressentait la douleur. La croyance dans ce cas était que le mauvais sang de l’esprit appelé ayacuá, la cause des maux, quitterait le corps. Le chaman appelait aussi efficacement la pluie en reniflant par le nez une poudre de cebil, un hallucinogène très répandu chez les indigènes. Puis la transe commençait, et l’homme dansait, chantait et demandait aux dieux que les pluies arrivent.

La fête du Diable était la plus importante pour les Vilelas. Elle durait 15 jours et le but ultime était de chasser les maux. Les Indiens buvaient et chantaient jusqu’à ce qu’ils tombent dans un sommeil qui durait jusqu’au lendemain. Puis, ils continuaient le festin. (source)

Depuis 1995, l’ Institut national des affaires autochtones (INAI) a commencé à reconnaître le statut juridique par l’inscription au Registre national des communautés autochtones (Renaci) aux communautés autochtones d’Argentine, y compris 6 communautés vilela et 6 communautés lule-vilela de Santiago del Estero:

Communautés vilelas

  • Communauté Indigène Vilela de Santo Domingo (dans le département Moreno)  le 8 mai 2003
  • Communauté du peuple originaire Vilela de Pampa Pozo Lote 110 (dans le département Juan Felipe Ibarra) le 17 mai 2007
  • Communauté Vilela de Tres Leones (dans le département Moreno) le 27 août 2007
  • Communauté Paysanne Indigène Vilela d’Alhuampa (dans le département Moreno) le 26 mai 2011
  •  Communauté Indigène de Pampa Vilela (dans le département Moreno) le 26 mai 2011
  • Communauté Indigène Vilela de Rincó, del Saladillo (dans le département Juan Felipe Ibarra) le 22 juin 2011

Communautés lule-vilelas

  •  Communauté El Retiro (dans le département Copo) le 78 août 2005
  • Communauté Lule Vilela Tusca Bajada (dans le département Pellegrini) le 8 août 2005
  •  Communauté Lule Vilela La Soledad y Villa Eestela (dans le département Pelligrini) le 25 octobre 2007
  • Communauté Indigène Lule Vilela de Corral Quemado (dans le département Copo) le 26 mars 2009
  • Communauté Ashka Kaicu du peuple Lule Vilela (dans le département Figueroa) le 15 décembre 2010
  • Communauté Lule Vilea La Armonía (dans le département Ccopo) le 28 avril 2010

La Communauté Lule Vilela Sin Fronteras de Santiago del Estero a été reconnue dans le cadre du programme d’Enquête Territoriale sur les Communautés Indigènes le 26 mars 2015.

Dans la province du Chaco il existe des familles Vilelas à El Colchón, Miraflores, Pampa del Indio, Presidencia Roque Sáenz Peña, Quitilipi, Machagai, Colonia Aborigen Chaco, San Bernardo, Villa Berthet, Puerto Vilelas, Resistencia y Las Palmas.

source : wikipedia