Mexique : Le peuple Tojolabal

Publié le 23 Juin 2016

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Indigènes du Chiapas localisés dans la région de Las Margaritas (prise en 1994),  Comitan, Independencia et Altamirano à la frontière avec le Guatemala.

 Ce sont des descendants des mayas

Ils viendraient de la région de Cuchumatanes au Guatemala

Le nom tojolabal se décline ainsi : tojol = légitime et ab’al = mot

Langue : maya , empruntée directement aux chuj guatémaltèques et ne présente pas de variation dialectique importante. Ils maintiennet d’ailleurs des relations amicales et des liens commerciaux avec les chuj.

Le nom qu’ils se donnent : tojolwinik’otik veut dire : hommes légitimes ou réels

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     Las nubes 

                                                                               

Population : environ 25.000 locuteurs (4.7 % de la population)

Mode de vie

Ils vivent grâce à la culture du maïs (usage familial et vente sur les marchés), haricots, courges, café et banane et d’autres fruits.

C’est l’agriculture qui est leur activité économique la plus importante.

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Leur habitat

Ce sont des maisons rectangulaires aux planchers de terre. Elles comportent peu de meubles, bien souvent quelques chaises, une table et un coffre pour ranger les vêtements.

Chaque foyer possède à l’extérieur son poulailler, une porcherie et une grange.

Une cérémonie a lieu lors de la finition de la maison mnaj’k’aoch nich = fleurs qui tombent  à la maison.

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Tenue vestimentaire

Pour les femmes : jupe aux couleurs vives, décorées de dentelles et de rubans en couleur.

Chemisier avec des rubans brodés. Elles mettent des chiffons de la même couleur que leurs jupes sur leurs cheveux.

Seules les femmes célibataires peuvent décorer ses derniers.

Elles sont chaussées de sandales.

Artisanat 

Les femmes confectionnent des blouses brodées, elles fabriquent également de la poterie.

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Les hommes portent des pantalons en coton blanc agrémentés d’une ceinture rouge ou noire, des chemises brodées aux cols et poignets.

L’hiver ils ajoutent des chandails en laine.

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Le calendrier rituel

Les tojolabales participent à quatre pèlerinages (k’u’anel’ par an dans des lieux qui coïncient avec les points cardinaux. Cette référence aux points cardinaux et à l’espace cosmique est partagée par tous les peuples d’origine maya. Ils disposent des croix à chaque coin de leur village pour se prémunir des mauvais esprits. Les croix délimitent les frontières du village, elles protègent et ne sont pas des symboles chrétiens. Elles peuvent être placées dans tous les lieux requérant une protection particulière contre les esprits démoniaques comme par exemple dans les champs de maïs, les sources d’eau, les montagnes et les chemins.

Trois pèlerinages sont réalisés avant la saison des pluies :

– Santo Tomas à Oxchuc

– San Bartolo à Venustiano Carranza

– San Mateo au Guatemala

Le quatrième est consacré à Santa Margarita à Las Margaritas le 20 juillet. Il invoque les pluies pour les semences.

Symbolisme des villes citées :

– Oxchuc : indique le nord de l’espace quadrangulaire et le nterritoire des tzeltales

– Venustiano Carranza : indique l’ouest et le territoire des tzotziles

– San Mateo Ixtatan : c’est le territoire des chuj

– Las Margaritas : représente le sud et le territoire tojolabale

Les pèlerinages sont encadrés par des autorités religieuses métisses d’ascendance tzeltale de la Trinitaria.

En dehors de ses pèlerinages, les deux commémorations importantes du calendrier sont Todos santos (la fête des morts), le 31 octobre et le carnaval au mois de février.

Dans le village de Veracruz, les tojolabales mettent en scène un simulacre de bataille. Ils combattent un ennemei nommé « los chujes ». les habitants se partagent en deux groupes, l’un représentant les chujes et l’autre le village. Souvent les chujes obtiennet la victoire. Il existe une relation interethnique avec les chujes marquée par des affrontements de par le passé.

Source et pour en savoir plus) :

Frontières et identités en terres mayas de Carine Chavarochette  ICI 

Les tojolabales font partie des indigènes qui composent le mouvement zapatiste qui prit les armes en 1994 pour se révolter de la domination mexicaine au nom de todo para todos !!

Article à compléter avec plus de sources.

Mises à jour le 05/05/2012 ( merci Fifi); le 15/07/2014, le 24/06/2016)

Depuis la révolution mexicaine de 1910/1920 et la réforme agraire qui en a découlé, les Tojolabales du Chiapas entretiennent par l’intermédiaire de rituels des relations avec les Chujes du Guatemala.

Un premier pèlerinage (romeria) du calendrier rituel Tojolabal est celui de San Mateo Ixtatán. Celui-ci dépend du jour de pâques en février ou mars et permet aux communautés des municipalités de Las Margaritas et de la Trinitaria d’avoir une pluie abondante sur leurs terres du Chiapas et d’éviter les ouragans, les averses de grêle.

San Mateo (saint Matthieu) est associé au dieu de la pluie (dans les deux pays).

Les Tojolabales qui se rendent à San Mateo sont alors encadrés par les autorités Chuj qui les autorisent à solliciter San Mateo pour obtenir la pluie.

Selon la tradition orale des Tojolabales, leurs ancêtres étaient originaires du Guatemala, du village Chuj de San Mateo Ixtatán.

Il existe une relation étroite entre les deux langues même si elle tend à diverger ces dernières années.les deux groupes linguistiques selon les découvertes archéologiques auraient cohabité avant le XIIIe siècle et les Tojolabal auraient occupé une zone située en contrebas du village Chuj.

Selon un archéologue, les Tojolabales originaires des Cuchumatanes auraient migré vers le Chiapas en deux phases : une première vague de population partant des Hautes Terres guatémaltèques vers le Ve siècle et un second groupe en direction de San Mateo au Xe siècle avant de quitter les Cuchumatanes vers le XIIIe siècle pour se diriger vers le Chiapas.

Il est possible que les Chuj et les Tojolabales se soient disputés pour le contrôle des mines de sel de San Mateo Ixtatán. La migration des premiers serait ainsi forcée.

Très beau documentaire en espagnol

TOJOLABALES

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Traduction carolita de l’article de l’INPI

Autodénomination et tronc linguistique

Le peuple Tojolabal parle une langue appartenant à la famille linguistique maya.

Langue

Le Tojolabal, ou Tojol-Ab’al, appartient à la famille maya. Le tojol-ab’al est considéré comme une langue à part entière, puisqu’il n’est regroupé avec aucune autre variante. La langue génétiquement la plus proche de Tojol-Ab’al est le chuj. Le Tojol-Ab’al est parlé dans l’Etat du Chiapas. L’INEGI, lors du dernier recensement effectué en 2010, a enregistré 54 201 locuteurs. Le tojol-ab’al est considéré comme une langue en danger de disparition.

Localisation et zone écologique

Ils sont situés au sud-est de l’État du Chiapas, dans les terres limitrophes du Guatemala. Quatre-vingt-dix pour cent de la population Tojolabal se trouve dans les municipalités de Las Margaritas et Altamirano ; le reste est dispersé dans les municipalités de Comitán, Maravilla Tenejapa, Ocosingo, La Independencia et La Trinitaria.
La superficie qu’ils occupent est d’environ 6 000 km2, la région dans laquelle ils vivent présente une diversité orographique et climatique et comprend trois zones écologiques bien définies. Au nord se trouvent les hautes terres, où le climat varie du froid au tempéré et où la végétation caractéristique correspond à la forêt de feuillus où prédominent les espèces liquidámbar, palo amarillo et chêne, en plus d’extensions considérables de forêts de chênes, de pins et de chênes verts. Au centre, le paysage est dominé par de petites vallées inter-montagneuses irriguées par les affluents des rios K’abastatik, Comitán et Tzaconelha. Et à l’est, les zones de hautes selvas et basses selvas à feuilles persistantes prédominent, avec un climat chaud et humide, où les principales composantes floristiques sont : amate, ceiba, guanacaste, cèdre, acajou, guayacan, ainsi que diverses espèces de lianes, épiphytes, mousses et fougères. Dans les hautes terres vivent le chat de montagne, le tepezcuintle, le cerf de Virginie, la mouffette, le puma et la belette ; dans les vallées, on trouve le spermophile, le lapin, le lièvre, la mouffette et le blaireau ; et dans les zones de selva, on trouve le jaguar, l’ocelot, le cerf de Virginie, le tatou, le tepezcuintle, le saraguato, le singe-araignée, le porc-épic et le sanglier.

Histoire

Selon la tradition orale, les Tojolabales proviennent de la région des cuchumatanes, au Guatemala, bien qu’il n’y ait aucune certitude à cet égard. Dès les premiers temps, la région fertile de Comiteca a attiré l’intérêt des envahisseurs espagnols. Comitan devient l’axe économique de la province coloniale Los Llanos, frontière géographique, militaire et « civilisatrice » ; c’est par elle que s’effectuera le tissu commercial entre le Guatemala et la Nouvelle Espagne. La province présentait également une mosaïque ethnique peuplée de Tojolabales, Cabiles, Tzeltales, Tzotziles et Totiques, en plus d’être bordée de Mochós, Lacandones, Chujes, Kanjobales, Mames et Jacaltecos.
À la fin du XVIIe siècle, Comitan n’était qu’une ville de second plan pour le maire de Las Chiapas. Plus tard, avec le déclin démographique des affluents et les actions de la monarchie contre l’encomienda, les civils espagnols installés à Ciudad Real ont commencé à s’intéresser à Comitan et à sa région, jusqu’alors fief des Dominicains. Les élevages de bétail, les moulins et les travaux ont proliféré et, avec eux, les castes et l’augmentation du métissage biologique. À partir de la fin du XVIIe siècle, les indigènes et les castes ont convergé à Comitan, ce qui a entraîné la transformation de la communauté indigène locale. Au XVIIIe siècle, les domaines se sont étendus vers Las Margaritas, la région orientale et moins peuplée, aux dépens des terres des indigènes. En 1893, les autorités locales du Chiapas mettent aux enchères d’anciens biens communaux au « plus offrant ». Les indigènes, anciens propriétaires des terres, sont alors réduits à des péons dans les fermes autour de Comiteco. En tant que « baldíos », ils devaient travailler 12 heures par jour dans les moulins à canne à sucre, dans les champs et dans le transport « sur le dos » à San Cristóbal, Comitán et Soconusco des produits de l’hacienda. Les « tiendas de raya », le « cepo » et le « látigo » (fouet) étaient le complément de leur condition.
Les premières décennies du XXe siècle au Chiapas ont été marquées par des affrontements et des effusions de sang, les propriétaires de l’hacienda ayant gagné la bataille dès le début. En 1921, Obregón a scellé la paix avec les propriétaires terriens du Chiapas en garantissant leurs droits de propriété. En 1931, les premières distributions de terres ont commencé, mais les relations de servitude ont continué à être une composante essentielle de l’agriculture du Chiapas.
Plutôt que de compléter la distribution des grandes propriétés, qui existent encore aujourd’hui, les régimes post-révolutionnaires ont préféré encourager un programme de colonisation disjointe dans la zone de la selva, afin d’alléger les pressions démographiques et sociales qui agitent l’agriculture du Chiapas.

Organisation sociale

Le principal mécanisme d’articulation de la famille est le système de parenté, qui a une orientation cognitive (vers les familles des deux parents). La vie quotidienne s’articule autour des groupes familiaux élargis. Alors que la mère est l’autorité domestique et la gardienne des valeurs traditionnelles, le père est l’autorité principale devant la famille et la communauté. La structure familiale est encore renforcée par le culte des parents décédés.
L’organisation de la communauté, en revanche, semble plutôt laxiste. Les occasions de contacts intercommunautaires sont très peu nombreuses : le marché dominical de Las Margaritas, la fête du patron de la municipalité, les pèlerinages, de plus en plus rares, et les moments de troc.
La vie communautaire se traduit par des activités économiques et rituelles. Ainsi, en plus du travail communal obligatoire, on trouve la jelanel, le prêt de céréales en temps de famine, et la k’otak’in : le sacrifice d’une vache blessée et sans défense, qui est abattue et vendue dans la communauté pour aider le propriétaire à compenser la perte. L’« asamblea comunal » est la figure centrale de l’autorité pour la résolution des conflits, l’attribution des pouvoirs, la distribution des ressources et la sanction sociale.
Récemment, la cohésion communautaire a été menacée par le travail de division des partis politiques et le culte de l’individualisme encouragé par les nouvelles églises et sectes qui ont proliféré à un rythme vertigineux dans la région.

Autorités

Les figures d’autorité traditionnelles appelées « principales », qui étaient chargées de régler toutes sortes de conflits, y compris les conflits conjugaux, partagent désormais la responsabilité de veiller aux intérêts de la communauté avec les autorités de l’ejido (telles que le commissariat de l’ejido et le conseil de surveillance), qui sont chargées de tout ce qui concerne l’ejido et les travaux agricoles. Actuellement, les autorités et les charges importantes dans chaque colonie sont limitées à celles de commissaire ejidal, d’agent municipal, de président d’église et de leurs assistants respectifs (secrétaire, trésorier, policiers et enseigne).

Religion et cosmovision

L’univers est conçu en trois niveaux : le satk’inal ou « ciel », le lumk’inal ou « espace terrestre » et le k’ik’inal ou « monde souterrain ». Chaque niveau est habité par des êtres dont l’intervention peut influencer l’harmonie tant communautaire qu’individuelle. Tout au long de sa vie, le Tojolabal cherche à maintenir l’équilibre entre les différentes forces qui peuplent l’univers ; une façon de maintenir cet équilibre est l’observation de rituels traditionnels qui mélangent des éléments chrétiens avec d’autres d’origine préhispanique. C’est le cas du carnaval communautaire ou ta’ank’oy. Les mythes et les conseils de la tradition orale montrent comment l’abandon des rituels et de la « costumbre » peut bouleverser l’individu et la communauté.
La conversion au protestantisme ou à certaines sectes est un phénomène croissant chez les Tojolabales, en particulier dans la selva, qui a entraîné une nette perte des valeurs traditionnelles. On estime qu’environ un tiers de la population Tojolabal appartient à la religion pentecôtiste ou adventiste du septième jour.

Activités productives

Les activités économiques varient en fonction des ressources disponibles dans chaque région. Dans les hautes terres, le maïs, les haricots et les courges sont cultivés pour l’autoconsommation. Dans les vallées et les canyons, la diversification est plus grande, car on y cultive également des légumes, de la canne à sucre, du café, des agrumes et d’autres arbres fruitiers. Dans la selva, ils se consacrent à la culture commerciale du café et, dans certains cas, à l’élevage du bétail, ainsi qu’à la vente de produits forestiers tels que le cèdre et l’acajou. Les sources de revenus étant plus rares pour les Tojolabales des hauts plateaux, des canyons et des vallées, ils sont obligés de chercher du travail dans les plantations de café de Soconusco, en plus de vendre une partie de leurs produits agricoles, de la volaille, des porcs, des moutons et, parfois, de l’artisanat.

Fêtes

Les carnavals communautaires, les fêtes patronales, le jour des morts et les pèlerinages sont les célébrations les plus importantes des Tojolabales, où l’on ne manque pas l’occasion de rendre grâce et d’offrir des cadeaux aux saints (copal, bougies, fleurs et, surtout, musique au tambour et aux roseaux, feux d’artifice et une bonne quantité d’aguardiente). Les pèlerinages sont les célébrations rituelles les plus importantes et les plus distinctives de la population Tojolabal ; ils constituent un espace de confluence communautaire et intercommunautaire qui permet la renaissance et le renouvellement continu du système cosmogonique, en plus de délimiter le territoire Tojolabal et d’établir les points d’interaction avec d’autres groupes indigènes et non indigènes.

Gastronomie

Leur gastronomie est très étendue, le maïs étant leur principale source de nourriture ; ils préparent le pozol et les tortillas, ils consomment également du café, des haricots, du piment, des légumes, des plantes sauvages, des champignons, de la viande d’oiseaux domestiques et de la viande de la faune sauvage comme le tatou, le lapin et l’écureuil.
Lors des pèlerinages, ils préparent différents aliments, dont la tortilla appelée « Tsejeb », qui est préparée avec du maïs, de la cannelle et du sucre. Pendant la saison des pluies, une soupe traditionnelle est la soupe de champignons à la menthe appelée k’an chay.

Vêtements traditionnels

Le costume féminin traditionnel se compose d’une blouse de toile, abondamment et délicatement brodée à la main, d’une jupe de couleurs vives en satin de brocart ou en popeline, d’un foulard du même tissu que la jupe, qui est noué à la tête, couvrant les cheveux tressés de longs et épais rubans de couleurs vives. La tenue est accompagnée de sandales ou, à défaut, de sandales en plastique et de parures telles que des boucles d’oreilles et des colliers.
Le costume masculin est en désuétude et est plus souvent utilisé chez les personnes âgées. Il comprend un short de toile blanc, une ceinture rouge, magenta ou noire, une chemise de toile à manches larges, brodée sur le col, le plastron et les poignets, un bandana et des sandales.

Activité artisanale

Pour compléter leurs revenus, certaines communautés tojolabales produisent occasionnellement des produits artisanaux tels que des chemisiers brodés, des céramiques.

Musique ou danse

La musique occupe une place privilégiée dans les cérémonies. Les rites sont accompagnés de musique de tambour et de flûte, et on utilise du copal, des fleurs, des feux d’artifice et de l’eau de feu. Lors d’occasions festives non rituelles, ils jouent également de la guitare, du violon et de l’harmonica.

Médecine traditionnelle

Pour les Tojolabales, la relation santé-maladie est associée au maintien de l’équilibre des forces de la nature. Lorsque cet équilibre est rompu, il existe des mécanismes pour le rétablir par des spécialistes de la communauté. On pense que les guérisseurs locaux possèdent un compagnon animal et le don de guérir. Parmi eux, on trouve l’ajnanum ou « herboriste », le pitachik’ ou « pulsador » et la me’xep ou « sage-femme ».

PHOTOGRAPHIES

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