Pérou : Le parc de la pomme de terre (parque de la papa)

Publié le 20 Mars 2014

Pérou : Le parc de la pomme de terre (parque de la papa)

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…..Les quechuas protègent la biodiversité alimentaire mondiale….

Un article dédié à ma fille.

« Papa
tu t’appelles
papa
et non patata,
tu n’es pas née castillane :
tu es sombre
comme
notre peau,
n
ous sommes américains,
papa,
nous sommes indiens… »

 Pablo Neruda, Odes élémentaires, 1954

Pérou : Le parc de la pomme de terre (parque de la papa)

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Pérennité des cultures traditionnelles

L’aire du patrimoine autochtone et communautaire dédié à la conservation des variétés indigènes de pommes de terres andines à été créé en 1997 par six communautés quechua : sacaca, chawaytire, perca de kuyo grande, pampallaqta, paru paru, et amaru (6000 personnes)

Ils ont créé l’association de comunidades del parque de la papa qui gère le parc.

La superficie du parc est de 12.000 hectares, l’altitude entre 3150 et 5000 mètres, situé par très loin du célèbre site du Machu Picchu dans la vallée sacrée des incas dans le département de Cuzco.

Au local administratif du parque de la papa est assurée la formation de la main d’œuvre et l’élaboration de produits naturels.

Le patrimoine génétique de la papa andina est préservé dans le parc mais également les traditions des autochtones qui tendaient à se perdre.

En 2005, l’association Andes représentant les communautés du parc a signé avec le centre international de la pomme de terre (CIP) une convention pour le rapatriement, la restauration et le suivi de l’agro biodiversité des pommes de terre indigènes et des systèmes communautaires associés. Cette convention reconnaît les droits des communautés sur les souches de pommes de terre indigènes et prévoit de leur restituer les ressources génétiques rassemblées par la CIP.

Pérou : Le parc de la pomme de terre (parque de la papa)

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Papas offrande

Pour faire des offrandes aux dieux et à la pachamama il existe des variétés spéciales telles les papas arariwas qui avec les feuilles de coca vont permettre de profiter d’une culture abondante et exempte de maladies.

La papa katchumakatchu est une des variétés considérée sacrées, utilisée lors des baptêmes, des mariages et des fêtes, elle entre aussi dans une histoire mythique.

Certaines variétés représentent des lieux ou des animaux sacrés.

Pérou : Le parc de la pomme de terre (parque de la papa)
Plantation de pommes de terre à l’aide de la chaquitaclla (Felipe Guaman Poma de Ayala : El primer nueva corónica y buen gobierno 1615-1616)

Culture

La pomme de terre était cultivée sur l’altiplano péruvien et bolivien il y a de cela 8000 ans avant que les conquistadors ne l’exporte en Europe. Elle est donc sur ses terres dont c’est le berceau originel. Les variétés ont été gardées intactes par les incas qui se protégeaient en construisant des entrepôts de semences et cultivaient des variétés différentes tous les 2 ou 3 ans. Les terrasses qu’ils avaient élaborées, sortes de laboratoires expérimentaux, bénéficiaient de plus de microclimats spécifiques.

Cultivée à même les flancs rocheux et hostiles de la cordillère, les tubercules s’épanouissent dans un sol pauvre qui pourtant est fertile, dans des conditions climatiques extrêmes. Travailler les champs sur les pentes abruptes est harassant mais ainsi les plants sont protégés du gel et des intempéries.

Les quechuas utilisent toujours l’outil traditionnel hérité des incas, le chaquitaccla une sorte de bâton à fouir.

Les paysans quechuas cultivent traditionnellement plusieurs variétés de pommes de terre sur la même parcelle de terrain ce qui permet d ‘éloigner maladies et parasites qui souvent se régalent dans les monocultures. Comme les plants ne sont pas traités, des espèces fleuries sont plantées à côté des parcelles pour éloigner les insectes.

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Les variétés

Officiellement il existe 2200 espèces de pommes de terre cultivées dans le parc, la moitié produites sur place, 410 qui ne l’étaient plus ont été rapatriées du centre international de la pomme de terre, d’autres espèces sont échangées entre communautés.

Pérou : Le parc de la pomme de terre (parque de la papa)
image Amédée masclef

Les variétés indigènes d’Amérique du sud appelées localement « papas nativas » ne sont presque pas cultivées en dehors de leur aire d’origine. Elles sont classées dans la sous-espèce solanum tuberosum subsp andigenum mais aussi dans 6 espèces apparentées :

  • Solanum ajantuuiri
  • Solanum chaucha
  • Solanum curilobum
  • Solanum juzepczukii
  • Solanum phureja
  • Solanum stenotomum

Ces variétés sont toutes adaptées à un photopériodisme à jours courts.

Certaines contiennent une teneur élevée en glycoalcaloïdes et ne peuvent être consommées qu’après transformation en chuño (pommes de terres amères).

La pomme de terre andina se décline sous de drôles de formes assez originales, elle prend différentes couleurs : rouge, noire, jaune, elle peut être zébrée ou bien tachetée. Toutes ont des vertus antioxydantes.

Sources : wikipédia, l’actualité.comhttp://www.youtube.com/embed/5bvWqSi5tPg?wmode=transparent