Mexique : Les Tecuexes

Publié le 22 Janvier 2024

Scène de bataille du XVIe siècle entre les Tecuexes de Tototlan-Culnao et les Espagnols avec des alliés Tlaxcallan. By Manuel de Yañez – Edición de Lienzo de Tlaxcala, 1982, UNAM, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=28040665

Groupe ethnique qui appartenait aux Chichimèques et qui vivait au nord-est et dans le centre de l’état de Jalisco, sur le grand plateau des Altos de Jalisco. Ils étaient d’origine nahuatl et parlaient une langue appartenant au tronc linguistique uto-aztèque. Les experts pensent que ce groupe ethnique a été formé à partir des groupes zacatecos.

C’était un groupe non homogène divisé en plusieurs seigneuries avec son propre tlatoani correspondant

Le nom tecuexe = terrasse en pierre

Langue

La langue tecuexe est aujourd’hui éteinte et très peu connue. Il s’agissait probablement d’une langue uto-aztèque.

L’étude des toponymes de la région du Rio Verde à Los Altos de Jalisco révèle la présence d’un grand nombre de mots se terminant par íc/tíc, ce qui correspond à un phénomène similaire dans la région des Valles de Tequila, où des suffixes locatifs très similaires sont généralement liés à la présence de groupes parlant des langues de la branche Corachol de la famille uto-aztèque. Dans la toponymie locale, on a également détecté des cas où le locatif est exprimé par les terminaisons lí ou chi, clairement dérivées de íc/tíc (par exemple Temacapulí et Teocaltichi). Il est très probable que ces suffixes soient d’origine Tecuexe et équivalent au « tlan » Nahua. Sur l’île d’Atitlán (lieu au milieu de l’eau en nahuatl), on l’appelait aussi Atlitíc, dont le sens serait équivalent au mot nahua.

Certains Tecuexes de l’époque coloniale ont rédigé des documents en nahuatl. Une pétition de 1611 visant à destituer un prêtre à Jalostotitlan, une ville Tecuexe, contenait des idiosyncrasies linguistiques par rapport au nahuatl du Mexique central. Cela soulève la question de savoir si les Tecuexe parlaient un dialecte du nahuatl comme langue maternelle ou s’ils l’utilisaient comme lingua franca[5].

Les Caxcanes, au nord des Tecuexe, parlaient également le nahuatl, bien que les Espagnols l’aient qualifié de « nahuatl corrompu« .

Quels sont les vestiges que nous ont laissés nos ancêtres ? 

Langue et vocabulaire

Il existe des mots nahuatl qui ont été conservés en espagnol mexicain. 

  • coyote de coyotl
  •  tamal de tamalli 
  • cempasuchi de cempaxochitl 

Mais chez les peuples traditionnels, qui se disent éleveurs ou paysans, il y en a encore plus :

  • tecolote de tecolotl « hibou »
  • milpa de milpan « lieu de la milpa (champ de maïs) » 
  • cuamil de cuamil « la milpa sauvage » 
  • cuaco de icuaco « sur la tête, faisant référence à un cheval » 
  • chan de  ?? « l’esprit de la rivière ou du puits, se manifeste sous la forme d’un serpent »
  • papaquis de papaquiz-tli « le bonheur, aujourd’hui c’est le nom d’une chanson rituelle »
  • tastoán de tlahtoani « qui signifie cacique (chef), aujourd’hui il fait référence à la danse des tastoanes »
  • cihuapilli de cihuapilli « nom donné à la Vierge de San Juan de los Lagos »

Source https://tecuexe.weebly.com/vestigios.html (traduction caro)

Mode de vie

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Ils étaient organisés en plusieurs seigneuries indépendantes gouvernées par des seigneurs.

Le territoire était bordé au nord par celui des Caxcanes, au nord-est par celui des Guachichiles, à l’est par celui des Guamares et au sud par celui des Tarasques et des Cocas.

Ils partageaient les mêmes origines que les Huicholes, Tepehuanes, Tarahumaras, Nahuas tous d’affiliations uto-aztèque. Le lieu d’origine de tous ces peuples se situe quelque part entre le Mexique et les Etats-Unis probablement en Arizona. Le proto-uto-aztèque a donné naissance à la famille linguistique uto-aztèque et aurait existé depuis 2800 ans avant JC.

Ils vivaient dans des zones proches des rivières et profitaient des avantages de celles-ci. Ils construisaient des pyramides au sommet des collines pour se défendre et en tant que centres cérémoniels.

Leur mode de subsistance dépendant de la pêche, de la chasse et de la cueillette de fruits sauvages ainsi que de la culture de haricots et de maïs.

Ils étaient experts en artisanat dont le travail du bois, la réalisation d’instruments de musique.

La plus grande ville tecuexe était Tonallan, hébergeant environ 1000 personnes avant l’arrivée des espagnols. C’était une seigneurie dirigée par une femme, Cihualpilli Tzepotzinco.

pointes de projectiles Tecuexe de Tepatitlán By Isidro Mariscal – Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=42833252

Les Tecuexes étaient de grands guerriers qui poussaient un cri très fort lors des combats qui impressionnaient leurs adversaires. Ils avaient des tatouages sur le visage, des bandes noires horizontales au niveau des yeux.

Ils pratiquaient l’anthropophagie sur les corps de leurs ennemis morts au combat.

Ils étaient courageux et aussi redoutables.

Les chefferies importantes avaient leur propre loi, langue, religion et règles de coexistence.

La société était composée de 3 castes, les prêtres qui gouvernaient le peuple (chamanes, prêtres, guérisseurs propriétaires des connaissances et des plantes rituelles), ensuite venaient les militaires sur lesquels reposaient le pouvoir constitutif du gouvernement puis le peuple qui pratiquait l’agriculture et la poterie.

Les Tecuexes s’habillaient avec des couvertures jetées sur leurs épaules, jointes en plusieurs parties, laissant une ouverture pour la tête.

Ils faisaient des danses circulaires au son du teponahuaste (teponaztle) , des castagnettes en pierre noire très sonores et une sorte de cloche placée au cou et aux chevilles.

Ils étaient bien organisés même s’ils ne disposaient pas d’un grand luxe comme ceux qui construisaient les grandes pyramides, la population profitait des avantages.

Plusieurs centres aujourd’hui archéologiques existent dans un état déplorable, mais néanmoins pouvant refléter leur style de vie avant la conquête.

Sites archéologiques

El Tizate

C’est l’un des plus grands socles du site qui possède un escalier du côté est. Le nom de la structure est dérivé d’un gisement de carbonates cristallisés ou de cendres volcaniques, connu localement sous le nom de tizate et utilisé dans la fabrication de céramiques. Du sommet d’El Tizate, qui constitue la borne ouest du centre urbain de Tamtoc, on peut voir une grande partie du site et ses environs, et les jours de beau temps, il est possible de voir jusqu’aux pentes de la Sierra Tanchipa. – El Abra et plus au sud, les sommets de la Sierra Madre Orientale. El Tizate est associé à des activités liées aux observations astronomiques, importantes pour la vision du monde de la société, le contrôle du temps et l’agriculture, et éventuellement réalisées depuis le temple qui se trouve au sommet. source

Histoire

Masques Tecuexe provenant d’un musée de Zacatecas, au Mexique, près de la Quemada https://en.wikipedia.org/wiki/Tecuexe#/media/File:Tecuexe_Masks.JPG

Pendant la période classique

On assiste à une consolidation du processus urbain se déroulant depuis le Préclassique supérieur et plus tard le Postclassique (IIIe siècle après JC). Pendant la première partie de cette ère, la Mésoamérique est dominée par Teotihuacan qui décline à partir du 8e siècle après JC et permet l’essor des cultures mayas, zapotèques et des centres régionaux de la période épiclassique.

Dans le contexte des Altos de Jalisco, on retrouve des sites comme El Ixtepete ou El Grillo de la Tradition Grillo, qui se sont développés entre 350 et 800 après JC et qui étaient peut-être gouvernées par Teotihuacan après son arrivée dans la région au IIe siècle.

Les peuples uto-aztèques se développent après l’effondrement de la culture Teuchitlan qui avait prospéré de 350 avant JC à 350 après JC.

Pendant la période postclassique

On assiste à la montée en puissance de sociétés guerrières et de régimes guerriers popularisant la culture toltèque à partir du 10e siècle.

Les Tecuexes auraient commencé à acquérir leur identité comme peuple à partir des XIe -XIIe siècles, une époque à laquelle ils se seraient différenciés de groupes étroitement liés comme les Caxcanes ou les Tecos. Leurs différences dialectales deviennent alors plus grandes.A cette époque, les sites importants comme Teul ou La Quemada déclinent. Les plus petites villes et les guerriers ont plus de pouvoir et fondent leurs propres seigneuries.

1480/1510 Guerre du salpêtre : conflit armé opposant l’empire Purépecha aux seigneuries établies à Colima, Sayula, Zapotlán, Tuxpa, Tapalpa et Autlán. Ce conflit se termine par l’expulsion des Purépechas de Colima et Jalisco et la perte d’un quart de leurs terres qui sont devenues une partie de la seigneurie de Colima.la guerre a généré un grand mécontentement parmi le peuple Purépecha qui se reflètera plus tard dans le soutien de l’Irecha Tangaxoán le long des rives du lac Chapala.

Conquête espagnole

Vers 1523 commence la colonisation espagnole. La région est conquise en 1530 par le capitaine espagnol Cristobal de Oñate qui bat l’empire Purépecha et toutes les seigneuries situées dans l’actuel état de Jalisco.

Ils disparaissent en tant que peuple comme les autres chichimèques à cause de 5 facteurs :

1 : la campagne menée par Nuño Neltrán de Guzmán lors de la rébellion Mixtón en 1529/1530 sur la frontière de la Nouvelle-Espagne.

2. La rébellion Mixtón est une tentative désespérée du peuple indigène Caxcán d’éloigner les conquistadores de Nueva Galicie. La défaite cause des milliers de morts parmi les rebelles.

3. La guerre chichimèque qui se poursuit jusque dans la dernière décennie du XVIe siècle pour défendre les terres de Zacatecas, Guanajuato, Aguascalientes et le nord de Jalisco.

4. Les maladies contagieuses qui font des ravages au sein des populations autochtones. Les peuples du Mexique subissent 19 épidémies à partir du début de la conquête espagnole qui sont la variole, la grippe, la scarlatine, la rougeole, la fièvre typhoïde, les oreillons, le cocoliztli (maladie hémorragique).

5. L’assimilation progressive résultant de la politique de « paix par l’achat » menée par le marquis de Villamanrique qui offrit aux Chichimèques des incitations à s’installer pacifiquement (conversion, nourriture, vêtements, terres et outils agricoles).

Même si les Tecuexes n’existent plus en tant que nation indigène, cela n’empêche pas qu’ils aient des descendants au sein de la société civile.

Articles complémentaires

Les Chichimèques

Les autres nations chichimèques

Les Guachichiles

Les Zacatecos

Les Caxcanes

Les Pames

Les Otomies

Les Guamares

CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=65587536

Sources : wikipedia, hadacoyotes.com, https://www.somosprimos.com/schmal/Indigenousjalisco.pdf