Le peuple Taïno

Publié le 22 Juin 2015

Leur nom veut dire : « peuple bon et paisible »

C’était un peuple autochtone du groupe des Arawak, qui habitait les grandes Antilles et dont descendent de nombreux antillais, cubains, haïtiens, portoricains et dominicains.

Langue : arawak

Malgré tout la symbolique et la mythologie des Taïnos est liée au mayas du Yucatan et du Guatemala.

Société

Elle était représentée par 3 classes sociales :

  • Les naborias : villageois travaillant la terre
  • Les nitainos, nobles des tribus
  • Les bohiques : chamans ou prêtres, et le cacique (chef de la tribu)

Traditions

Ils vivaient dans les clairières de la forêt à l’intérieur des terres et leur habitat était de deux style :

  • Le bohio, habitat commun circulaire
  • Le caney, plus grand et rectangulaire, habitat du cacique et de sa famille

Les habitations abritent des familles élargies, composées d’aïeuls, d’oncles et de cousins, en plus du noyau principal.

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  Bohio

                     

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Le caney

Ils étaient construits à base de feuilles de hinea et de bois.

Ils dormaient dans des hamacs (nom d’origine taïna) tissés en coton

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  Reconstitution d’un village Taïno à Cuba

          

Les hommes portaient un taparrabos(cache-sexe), les femmes mariées avaient un pagne de paille, de coton ou en feuilles, les femmes célibataires vivaient nues.

Ils s’appliquaient de la peinture sur le corps de couleur noire, blanche, rouge et jaune ainsi que des tatouages religieux qui les protégeaient des mauvais esprits.

Leurs oreilles et leurs lèvres étaient ornées avec de l’or, de l’argent, des pierres, des os et des coquillages.

Ils fabriquaient :

Des paniers, de la poterie, des céramiques, des filets de pêche, ils travaillaient l’or et sculptaient le bois.

Les caciques étaient polygames pour au moins deux raisons : il y avait de nombreuses jeunes filles nubiles et ne pas avoir d’enfants représentait une honte chez les Taïnos.

Religion

Deux dieux sont vénérés : le dieu du bien, Yukiyu et celui du mal, Juracen.

Le monde taïno est divisé en 4 parties et un centre gouverné respectivement par le soleil et son jumeau Guatauba, tous les deux sont fils du dieu Yocahu, créateur des montagnes et du feu.

Coastrique, jumeau nocturne de la mort gouverne les trombes d’eau.

Leurs premiers dieux prennent corps dans les cemíes (ou zemi), des idoles, généralement en bois, auxquelles on offre des aliments et des objets cérémoniels, ainsi que de longs jeûnes.

Chaque communauté a ses divinités, mais chaque individu a aussi son dieu tutélaire. Comme dans toute société agricole, une grande partie des cultes sont liés à la fertilité, le principe masculin étant associé à l’eau. La coutume consistant à immerger dans les étangs des récipients de terre cuite aux formes phalliques en est la preuve.

Dans les champs de culture, ils placent des objets en pierre dont les formes rappellent le manioc et le yucca, soit la base de leur alimentation.

Le dieu principal est Yocahu Vagua Maorocoti ; le premier mot l’identifie comme le seigneur du yucca, le second fait référence à la mer et le troisième à son absence d’ancêtres, autrement dit au fait qu’il est le principe de toute chose et qu’il a été créé par la terre-mère. Une autre déesse majeure était Guabancex, un cemí bénéfique et maléfique à la fois, qui était à l’origine des eaux, des vents et des ouragans.

La structure politico-sociale qui est de caractère théocratique et guerrier donne au cacique et au bohique les pouvoirs surnaturels du dieu de la nuit.

Pour entrer en contact avec les esprits, le rituel de la cohoba (arbre de joie, hallucinogène) était pratiqué.

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 Statue taïnos

                                                                      

Au cours de cérémonies religieuses, le behíque dialogue avec les dieux, avec le cacique et ses conseillers (nitaïns), sur la place. Tout d’abord, le behíque s’introduit dans le gosier une spatule, généralement en côtes de lamantin, au manche décoré. Il parvient ainsi à vomir et à se purifier avant de se livrer au cemí. Ensuite, il inhale une poudre hallucinogène tirée de l’arbre appelé cohoba. Parvenu à l’extase, il dialogue avec les dieux pour connaître leurs desseins. Si la réponse est satisfaisante, les danses et les chants nommés areitos peuvent commencer ; si elle ne l’est pas, les behíques jeûnent pour obtenir la grâce des dieux.

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   Bohique ou chaman préparant une « cérémonie »

         

La cohoba était placée sur un cemí, doté d’une plateforme en forme de coupelle, généralement faits de bois incrusté d’or, de nacre, d’os et de pierres précieuses.

Behíques et caciques s’entouraient d’objets de valeur qui indiquaient leur condition, en particulier les guanín, feuilles en alliage d’or, d’argent et de cuivre qu’il se plaçait sur la poitrine ou le visage.

La mythologie taïna compare les esprits des hommes, des animaux des plantes aux êtres inanimés, cet animisme confère aux chamans de grands pouvoirs, c’étaient les seuls à pouvoir entrer en contact avec les esprits.

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  zemi trigonolythe

                                                        

Vie courante

Les Taïnos, gens bienheureux, ignoraient les notions de propriété privée et d’état ainsi que la notion de profit !

Ils vivaient de l’agriculture pour laquelle ils maîtrisaient l’utilisation des engrais et un système d’irrigation.

Leurs cultures : manioc, pomme de terre, maïs, cacahuète, piment, ananas, patate douce, coton tabac.

Ils chassaient de petits rongeurs, des iguanes, des oiseaux et des serpents, pêchaient à l’hameçon, aux filets et avec du poison.

Le manioc fermenté constituait une boisson enivrante nommée uicu.

Le pain, sorte de galette circulaire de manioc, cuite au soleil s’appelait cazabe, il était consommé quotidiennement.

Loisirs

Des danses sacrées (areytos) accompagnées d’instruments de musique dont le tambour.

Le jeu de pelote, bahey, joué avec une balle de caoutchouc rebondissant inconnue des occidentaux.

En débarquant sur l’île d’Hispaniola, les Espagnols découvrent l’existence d’un jeu de balle chez les Indiens taïnos. L’occasion de paris importants : de l’or, des bijoux et même des esclaves. Les conquistadors sont fascinés par cette balle en caoutchouc qui rebondit deux fois plus que leurs ballons européens. Christophe Colomb en rapportera une à Séville, et provoquera l’admiration de tous.

Le tabac était très utilisé lors des rituels.

Plusieurs vocables de langue française sont dérivés de la langue taïno : ananas, canoë, goyave, caraïbe, tabac, manioc, iguane, savane, patate, ouragan

Lorsque les navigateurs européens arrivent aux îles, les Taïnos sont en train d’être vaincus par une ethnie rivale, les Caraïbes.

Selon Bartolomé de Las Casas , en 1508, il restait environ 60.000 taïnos sur l’île d’Hispaniola. En 1531, l’exploitation dans les mines, les suicides, les exterminations et les maladies ont réduit le nombre à 600, soit une diminution de 80 à 90 % !!

Néanmoins, selon l’étude de l’ADN mitochondrial (maternel) par le docteur Juan Carlos Martinez Cruzado, il est permis de penser que 61.1% des portoricains et 15% des dominicains descendent en droite ligne d’une femme taïno.

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A CUBA

Lorsque les espagnols conquirent l’île en 1510, Christophe Colomb en avait déjà exploré les côtes lors de son premier voyage.

C’est aux environs de Baracoa, au nord de l’actuelle province d’Oriente que les 300 hommes enrôlés par Diego Velasquez De Cuellar  débarquent pour assujettir le pays. Bartolomé de Las Casas fait partie de l’expédition.

Cette île vit d’une plus grande culture des terres agricoles que les autres îles des Antilles depuis un siècle et demi.

La population indigène de Cuba vers 1510 est estimée à 112.000 personnes, suite au passage des conquistadors, il reste moins de 5000 indiens quarante ans plus tard !

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      Velasquez et ses hommes débarquent à Baracoa (image)

Las Casas parle à son arrivée à Baracoa de 200.000 indigènes, que Velasquez propose de répartir entre ses compagnons d’armes sans préciser s’il s’agit de la population de l’île entière.

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       A Cuba: statue en hommage aux Taïnos image

Premiers contacts

On ne sait comment les indiens de l’île vont réagir !

Dans la région de Camagüey, plus de 2000 indiens ont appris l’arrivée d’étrangers et c’est les bras chargés de présents (cassaves, poissons, fruits) qu’ils viennent devant eux !

Le premier contact se passe bien, les espagnols mangent tranquillement quand tout à coup, l’un d’eux tire son épée, signal de la boucherie…..

Las Casas relate :

« ….un ruisseau de sang indien s’écoulait, comme si l’on avait tué beaucoup de vaches !… »

Première résistance

La résistance s’organise avec des combats plus importants et plus nombreux. Mais le naturel affable et peu guerrier des indigènes de Cuba donnent lieu à un aspect singulier et unique aux Amériques : il les incite au fatalisme, les conduisant au suicide. Des familles entières se réfugiaient dans la mort volontaire.

Ceux qui survivent au génocide mourront de misère et d’épuisement dans les mines. Certains historiens espagnols évoquent volontiers une épidémie de variole qui aurait tué le tiers de la population indigènes…..facile !!

LE CACIQUE HATUEY

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      Monument en hommage au cacique Hatuey  Zoohouse

Hatuey était un cacique Taïno de l’île d’Hispaniola. Il arrive à Cuba après avoir été expulsé de son île qu’il nomme Ayiti en canoë avec 400 hommes en 1511.

Il prend de suite contact avec des tribus taïnos de l’est de l’île pour leur conseiller de lutter avec lui contre les conquistadors mais ces derniers très pacifistes ne le croient pas.

Il prend donc la tête de la révolte et réussi à confiner les espagnols dans le fort de Baracoa.

Ses actions

Il menait déjà pour l’époque une guerre de guérilla dans laquelle ses Taïnos attaquaient par surprise les espagnols, armés de bâtons, de pierres et de flèches. Les espagnols organisèrent l’extermination progressive des rebelles grâce à leur supériorité technologique.

La fin de Hatuey

Il est condamné à être brûlé vif sur un bûcher. Las Casas lui propose d’être baptisé afin d’accéder « au royaume des cieux ».

Ce dernier lui demande si les espagnols baptisés allaient au ciel après leur mort.

Sur la réponse affirmative du confesseur, celui rétorque :

« Bien, pas de baptême pour moi. Je ne veux pas rencontrer au ciel des gens aussi méchants. »

Il meurt le 2 février 1512 à Yara.

Il est devenu un héros légendaire à Cuba, le premier a avoir lutté contre le colonialisme du nouveau-monde et célébré comme le premier héros national de Cuba.

Le prénom Hatuey est d’ailleurs un prénom assez populaire.

LE CACIQUE GUAMA

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  Cacique Guama  image

                              

Il est plus efficace, avec ses guerriers il combat les espagnols pendant plus de 10 ans, de 1522 à 1533 Les rebelles ont trouvé refuge dans les montagnes aux environs de Baracoa, lorsqu’ils descendent vers les plaines, c’est pour effectuer des raids afin de saccager les semailles et capturer du bétail

La résistance des indigènes cubains n’est certes pas aussi centralisée militairement et aussi riche que celles des Aztèques, des Incas et des Araucans. Néanmoins, elle sème le doute dans l’esprit des conquérants, amenant Charles Quint lui-même à ordonner :

« …que l’on fasse la guerre aux aborigènes rebelles ; que toute personne puisse les tuer et capturer et leur faire tout le mal possible….

Et j’ordonne et donne licence et faculté pour que tous les indiens qui, en cette guerre et durant cette rébellion, seraient pris…soient esclaves des personnes qui les auraient capturés, lesquelles se serviront d’eux comme de leurs propres esclaves, les ayant pris en bonne et juste guerre ».

Vers 1538, les insurgés maintiennent leur pression sur les chemins qui ne sont pas sûrs pour les espagnols. Personne n’ose aller dans le pays, un évêque terrorisé fait dire au roi :

«  Que les indiens ne laissent pas un seul chrétien vivant ! ».

Durant les années 40 de ce siècle, les indigènes sont en lutte, surtout les Cayos de la région de Camagüey.

L’armement espagnol réussira à vaincre et écraser cette société primitive condamnée par l’histoire.

En 1542, les indigènes sont déclarés libres par les « nouvelles lois » de 1542.

Les lois sont appliquées en novembre 1552 : il ne reste plus qu’environ 1800 indigènes à libérer, 200 sont amenés sur le territoire américain au Yucatan principalement pour travailler à la recherche de l’or.

Les quelques indigènes restant sont regroupés dans des villages dont le principal Guanabacoa qui comptait en 1570 « 60 indiens mariés ».

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Au 18e siècle, deux communautés indiennes, Caney et Jiguani existaient encore sur l’île.

Cuba, à la suite d’Hispaniola est le deuxième territoire au monde à subir l’esclavage mit en place par les colons.

Articles complémentaires

Cuba : Les derniers indigènes aux premiers esclaves

Les premiers habitants de Porto Rico (cultures Ortoiroïdes, Saladoïdes et Igneri)

Caciques Taïnos : Agüeybaná, le grand soleil – Agüeybaná II , le brave

Anacaona, reine des Taïnos

Toutes les traductions pour le peuple Taïno

Les areytos

Batú, jeu de balle sacré

Le rituel de la Cohoba

Croyances sur la mort et funérailles

Centre cérémoniel indigène de Tibes

Cueva de las Maravillas

Cueva Hoyo de Sanabe

Parc cérémoniel indigène de Caguana

Le cacique Hatuey

Guarocuya (Enriquillo)

Nomenclature des oiseaux taïnos

Cosmovision

Cosmologie et religion Taïna

Chamanisme Taïno : Le Behique

Ceiba. Connecteur des espaces sacrés du monde

La cueva Iguanaboina

Deminán Caracaracol, l’origine des êtres humains

Guahayona, responsable de l’exogamie

Yayael, l’origine de la mer

Atabey, mère des eaux

Baibrama

Bayamanaco, vieil esprit du feu

Caguama la mère du genre humain

La Triade Guabancex, Coatrisquie et Guataubá

Corocote, esprit picaresque

Itiba Cahubaba (Vieille mère ensanglantée)

Faraguvaol

Opiyelguobirán

Ya-Ya le grand esprit des Taïnos

Yocahú, Dieu du manioc

Les oiseaux dans la cosmovision des Taïnos